
Donner à un livre le titre Le Temps de l’altruisme (éd. Odile Jacob, 220 p., 21,90 euros) apparaît dans la société actuelle comme un paradoxe, ou un voeu pieux, voire une utopie. Or vous récusez ces termes et affirmez que c’est "un attribut logique de notre être, une nécessité imposée par la raison".
Je postule en effet que, face à tout droit, il existe des devoirs, ce que l’on oublie trop souvent. Je cherche à montrer que l’altruisme est une conséquence logique de nos droits. L’altruisme, curieusement, est une notion aujourd’hui négligée. Si on cherche des noms de penseurs et de philosophes qui y travaillent, on en trouve assez peu...
...Comme immunologiste, impliqué dans la recherche de nouveaux vaccins, j’ai été stupéfait d’apprendre que 800 000 enfants par an mouraient de la rougeole et de ses complications, alors qu’un vaccin efficace et très bon marché existait. A quoi sert notre science si nous ne savons pas l’utiliser ? Cela a provoqué un tournant personnel, une implication dans les questions liées à la pauvreté...
...Avant même que n’arrive la crise financière, qui a tout exacerbé, j’étais convaincu que la montée du problème climatique, combinée aux problèmes d’hygiène, de maladies infectieuses, de pauvreté, donne une addition qui n’est pas gérable....
...On ne peut pas bâtir un système stable sur la seule générosité. La générosité fait partie de l’espace des libertés, et c’est très bien. Mais l’altruisme fait partie de l’espace des devoirs, on est dans une autre catégorie. Ils se complètent, mais la générosité ne peut pas se substituer à l’altruisme. De plus, elle ne suffit pas....
..L’altruisme est tombé en déshérence. Il convient de le réhabiliter. C’est cela, le temps de l’altruisme.