Un psychiatre brestois a récemment obtenu le prix de la santé numérique lors de la 7ème cérémonie des Trophées de la Fondation de l’avenir, une organisation qui soutient l’innovation en santé. Le médecin propose d’utiliser le sms pour diminuer les récidives de tentatives de suicide. Focus sur un parcours original.
(...) Son objectif : déterminer s’il y a moins de récidives de tentatives de suicide chez les patients qui reçoivent, en plus du suivi classique, un SMS personnalisé de l’équipe soignante. S’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, les premiers résultats sont encourageants. De quoi inspirer certains.
« J’étais surpris que les smartphones soient exclus de ses recherches »
C’est pendant son internat, à Brest, que le psychiatre a l’idée d’utiliser les technologies de la communication à l’hôpital. « En 2009, j’ai assisté à une présentation du Pr Michel Walter (chef du service de psychiatrie au CHRU de Brest, ndlr) dont le message était : en changeant de médias, on arrive à toucher des populations différentes », se souvient-il.
À l’époque, le PU-PH de Brest étudiait avec le Pr Guillaume Vaiva de Lille l’impact du courrier et du téléphone dans le maintien du contact avec les patients suicidaires. J’étais surpris que les smartphones soient exclus de ses recherches », explique Sofian. C’est ce qui l’a par la suite motivé pour écrire plusieurs propositions de projets intégrant les nouvelles technologies.
Des SMS pré-enregistrés, mais personnalisés
Celui pour lequel Sofian a été récompensé consiste en une appli web qui envoie à des patients sélectionnés, des SMS pré-enregistrés à des dates précises et sur une période de treize mois. Les messages commencent par le statut, le prénom et le nom du destinataire. Ils contiennent une phrase réconfortante et le numéro des urgences. (...)
Mais chaque aventure comporte son lot de difficultés. « Il n’existe pas de métiers paramédicaux capables d’accueillir ces outils numériques dans de bonnes conditions », note le psychiatre. Ce qui fait que les patients ne peuvent par exemple pas répondre aux SMS. « Personne n’a été formé à décrypter, classer par ordre de gravité et traiter ces messages », déplore Sofian.
En plus des difficultés techniques se posent des considérations éthiques. Sofian explique avoir fait face à deux grandes craintes : « la substitution du médecin par la technologie, et le devenir des données récoltées » Mais il se veut rassurant : le but de ces applications est de favoriser les contacts humains. Pas de les remplacer. (...)