
La publication des postes de maitre·sses de conférence (MCF) cette année l’a confirmé : pour beaucoup de sections du Conseil national des universités (CNU), la chute du nombre de postes mis au concours suit tranquillement son cours, alors que l’on pouvait difficilement descendre plus bas. 925 maitre·sses de conférences ont été recruté·es en 2020 contre 2113 en 2006 alors que le nombre d’étudiant·es a augmenté de près de 40% durant la même période ; entre 2017 et 2021, le nombre d’étudiant·es en France a augmenté de 6,5% alors que le budget total de l’enseignement supérieur n’augmentait que de 1% (en euros constants), d’où il découle une baisse de 5% des dépenses par étudiant en seulement quatre ans.
Dans ce contexte, les équipes de Précarités de l’ESR mobilisées et Université Ouverte ont lancé un appel à témoignages, sur la base d’une question toute simple : « Comment vous sentez-vous ? »
Précaires et titulaires de l’enseignement supérieur et de la recherche pouvaient faire part de leur sentiment. Voici quelques témoignages, parmi la centaine récoltée, que leurs auteur·rices nous ont autorisé·es à diffuser.
Ne l’oublions pas : la précarité n’est pas une fatalité. Elle est le résultat des choix politiques du gouvernement et nous pouvons nous organiser pour lutter, c’est ce que font les collectifs de précaires partout en France et ce que propose aussi la campagne « Pas de recrutements, pas de rentrée ! »
Derrière chaque numéro, vous retrouverez un lien vers les publications de ces témoignages sur Facebook et Twitter, que nous vous invitons à relayer.
Pour diffuser ces témoignages, vous trouverez également ci-dessous les témoignages illustrés et un document PDF.
« Les postes de mcf sont publiés. Comment vous sentez-vous ? »
1.
Comme dans la chanson de Mano Solo, L’Aventure (« Je n’ai pas de futur, que l’aventure »). Ouais, blague à part j’ai vraiment le seum.
Un docteur sans poste.
Mes sentiments sont mêlés de rage et de désespoir. NO FUTURE.
Un doctorant.
Terrifiée, angoissée, désespérée, en colère.
Une PRAG voulant devenir MCF.
Super bien, je me lève tous les matins avec entrain pour tresser la corde qui me pendra.
Une docteure sans poste.
2.
Épuisée moralement et physiquement. Je n’ai pas la force de militer, d’élaborer un discours contestataire ni même de témoigner de façon construite car je passe ma vie à travailler. Je travaille souvent 7 jours/7 pour préparer mes cours, maintenir une activité de recherche, écrire, participer à des activités scientifiques et pédagogiques. Je ne supporte pas la mise en concurrence entre collègues et entre ami·es qu’implique la participation aux différents concours (post-doc, MCF, postes de recherche), d’autant plus qu’il ne s’agit plus de passer un concours une fois, ou deux. Pour espérer décrocher quelque chose, il ne faut jamais arrêter de postuler. Se tenir à jour, reformuler sans cesse ses projets pour s’adapter aux attentes de chaque institution, ne froisser personne. Cette année j’avais misé sur la campagne MCF mais il n’y a que deux postes dans mon domaine (nous sommes des centaines à être qualifiés) et aucun ne correspond, même de loin, à mon profil.
Une ATER.
3.
Bof, je me doutais de la pénurie, le gouvernement comme d’habitude étouffe à petit feu les SHS, les Lettres, etc., et les titulaires dans leur grande majorité ne le voient pas vraiment, heureux d’être à leur place si rare, attendant des jours meilleurs plutôt que de mettre toutes leurs forces intellectuelles dans la bataille (...)
"Triste devant le délitement du soutien politique à la recherche publique" "Dégoûtée, épuisée, en colère, révoltée. On essaye de s’organiser mais il y a tellement peu de soutien" Témoignages importants de chercheuses & chercheurs précaires #stopprecarite⤵️https://t.co/BUTQeuY1Xj
— Ludivine Bantigny (@Ludivine_Bantig) April 14, 2021