
Patrick Drahi est né au Maroc. Il est citoyen français. Il est aussi résident en Suisse où il paye ses impôts. Ses entreprises sont réparties sur toute la planète, des États-Unis à l’Europe en passant par l’Asie. Il a lui-même cinq nationalités (Maroc, France, Israël, Kitts & Nevis, Portugal). Il peut ainsi se rendre comme il le souhaite, avec un jet privé, dans des résidences situées à Londres, New-York, aux Caraïbes, à Genève, à Zermatt, en Israël… Bref, Patrick est un véritable citoyen du monde. Un hippie des temps modernes : nous vivons sur une toute petite planète et les frontières sont abolies.
Comme les nomades qui ne se sont jamais sentis concernés par les lignes que des dirigeants politiques ont tracées sur des cartes, Patrick Drahi sait parfaitement que les frontières existent et que les législations changent d’un pays à l’autre. Mais cela ne le concerne pas vraiment. Il choisit, comme dans une pioche de Monoply géant, ce qui l’arrange. Avec semble-t-il la même obsession : où paye-t-on le moins d’impôts et quelles conditions doivent être réunies pour y parvenir ? En cela, il est aidé par deux principaux cabinets de fiscalistes : Atoz et Luther. Le premier lui fournit d’ailleurs un document annuel permettant de « faire son marché » parmi tous les pays de la planète, étudiés et présentés selon leur « offre » fiscale.
Des pays très accueillants
Le Portugal présente des avantages fiscaux ? Pour Patrick Drahi qui y investit avec son ami Armando Pereira, voilà peut-être une opportunité. Qu’à cela ne tienne, « en faisant des recherches, Patrick Drahi s’est découvert des ancêtres portugais qui auraient autrefois vécu entre Lisbonne et Faro, dans le sud du pays », note le magazine Challenges dans un portrait particulièrement laudateur d’Armando Pereira, co-fondateur d’Altice. Voilà donc Patrick Drahi portugais depuis 2016. Peut-être pas pour toujours, en revanche, car le rabbin de Porto qui a aidé à sa naturalisation a été très récemment mis en examen dans une enquête qui porte sur des faits « susceptibles de constituer des délits de trafic d’influence, de corruption active, de falsification de documents, de blanchiment d’argent » ou encore de « fraude fiscale », selon les termes du ministère public portugais. Une sombre histoire de naturalisation de personnalités comme le milliardaire russe Roman Abramovitch ou l’homme d’affaires… Patrick Drahi ?
Plus chaud que le Portugal, les Caraïbes. Patrick Drahi dispose également d’un passeport de Saint-Kitts-et-Nevis. Il y a obtenu des avantages fiscaux conséquents en échange de ses nombreux investissements sur l’île de Nevis (...)
Dans l’ensemble, comme l’a comptabilisé le média suisse Heidi News, Patrick Drahi, sa femme et ses quatre enfants ont accumulé 27 passeports… Soit plus de 4 par personne.
Et encore c’est sans compter le passeport de Nevis acheté pour la petite fille de Patrick Drahi en janvier 2021, lorsqu’elle avait cinq mois et alors qu’elle dispose déjà des nationalités suisse, américaine et israélienne...
Nevis accorde la nationalité en échange d’investissements sur l’île. Il faut également compter avec les frais à régler au juriste qui s’occupe des formalités (un peu plus de 5.000 euros dans le cas de sa petite fille).
Pour ses entreprises, la même règle s’applique : un jour aux Pays-Bas, le lendemain au Luxembourg, les holdings changent de noms et de forme juridique au gré des envies et des conseils des fiscalistes. (...)