
En obligeant les banques à donner quelques informations sur leur présence dans chaque pays (filiales, chiffre d’affaire, effectifs), la Commission des Finances de l’Assemblée nationale a mis un pied dans la porte. Mais si les députés veulent vraiment mettre à jour les stratégies d’évitement fiscal, il leur faut exiger des banques qu’elles publient leurs bénéfices et leurs impôts par pays. C’est l’enjeu du débat qui s’est ouvert hier.
La Plateforme paradis fiscaux et judiciaires juge encourageant l’amendement adopté par la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, le 6 février 2013, qui oblige les banques à dévoiler leur présence, leur chiffre d’affaires et leurs effectifs pays par pays. Pour la première fois, les députés reconnaissent qu’établir une nouvelle liste de paradis fiscaux, exercice éminemment diplomatique, ne suffirait pas à combattre efficacement les trésors d’imagination déployés par les entreprises multinationales pour échapper à l’impôt. Pour la première fois, la charge de la preuve est inversée : il reviendra aux banques de s’expliquer sur leur présence dans chacun de leurs pays d’implantation, que celui-ci soit ou non reconnu comme un paradis fiscal.
Depuis le 12 février, la loi bancaire est débattue en séance plénière à l’Assemblée nationale. Les associations et syndicats mobilisés contre les paradis fiscaux attendent désormais des députés, non seulement, qu’ils défendent l’amendement adopté, face au lobby bancaire, mais surtout qu’ils le renforcent. Car pour véritablement prévenir et traquer l’évasion fiscale, il manque deux informations clés : les bénéfices perçus et les impôts versés dans chaque pays. C’est grâce à ces données que l’on pourra mettre à jour et dissuader la délocalisation artificielle des profits dans les pays à faible fiscalité, à l’origine du pillage des ressources publiques au Nord comme au Sud. (...)
La bataille qui s’engage dans l’Hémicycle s’annonce rude. Derrière les organisations de la plateforme paradis fiscaux et judiciaires, ce sont des millions de citoyens qui attendent que prévale la justice fiscale et la transparence financière sur les intérêts de quelques-uns. Les députés ont une occasion unique de ne pas les décevoir. (...)
Les membres de la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires :
Les Amis de la Terre - Anticor – Attac France – CADTM France – CCFD-Terre Solidaire – CFDT – CGT – CRID – Droit pour la justice – Oxfam France – Justice et Paix – Réseau Foi et Justice AfriqueEurope – Secours catholique Caritas France – Sherpa – Survie – Syndicat de la magistrature – Solidaires Finances Publiques-Transparence International France (www.stopparadisfiscaux.fr)