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Le Monde
Pablo Servigne, théoricien de l’effondrement : « Cette crise, je ne l’ai pas vue venir, alors que je la connaissais en théorie »
Article mis en ligne le 11 avril 2020
dernière modification le 10 avril 2020

La pandémie est, selon lui, une « crise cardiaque générale », qui montre l’« extrême vulnérabilité de nos sociétés ».

Crise sanitaire, chômage de masse, pénuries de médicaments, risque de rupture des chaînes d’approvisionnement… Le coronavirus est-il le signe d’un effondrement à venir de notre civilisation, tel que l’ont pensé les collapsologues ?

Pour Pablo Servigne, l’un des principaux théoriciens de la collapsologie, coauteur de plusieurs livres, dont le best-seller Comment tout peut s’effondrer (Seuil, 2015), la pandémie de Covid-19 est une « crise cardiaque générale », qui montre l’« extrême vulnérabilité de nos sociétés ». Il appelle à renforcer les solidarités, le local, l’autolimitation et l’autonomie. (...)

La pandémie de Covid-19 constitue-t-elle un signe avant-coureur d’un effondrement à venir de notre civilisation ?

C’est un signe avant-coureur de possibles effondrements plus graves. La pandémie montre l’extrême vulnérabilité de nos sociétés, leur degré d’interconnexion, de dépendances et d’instabilité.

Elle montre aussi très bien la stupidité, la criminalité et la contre-productivité des politiques néolibérales qui vont à l’encontre du bien commun, en ayant démantelé – entre autres – les services de santé, ou en n’ayant pas suffisamment prévu de stocks de masques. (...)

Est-on pour autant en train de vivre un effondrement ? C’est une question pour les archéologues du futur. Ce qui me semble évident, c’est que l’on est en train de vivre une crise cardiaque générale. Plus on attend, plus les tissus se nécrosent, et plus il sera difficile de repartir comme avant.

Le piège serait de considérer cette crise comme uniquement sanitaire. En réalité, elle a des causes et des conséquences externes à la santé – économiques, écologiques, politiques, financières. C’est une crise globale, systémique. Nous n’étions pas du tout préparés à un choc aussi rapide et brutal, d’abord parce que ce n’est jamais arrivé sous cette forme, mais surtout parce que la plupart des gens ne voulaient pas y croire, malgré les avertissements scientifiques depuis des années. (...)