
Les politiques que les gouvernements capitalistes veulent appliquer à l’Europe aujourd’hui sont les mêmes que celles que le FMI et la Banque mondiale ont appliqué aux pays du Sud dans les années 1980 et 1990.
Nous y voici, donc ; le duo Merkel Sarkozy s’est mis d’accord sur la stratégie supposée sauver l’Europe et l’euro : Un nouveau traité ! Mais que doit proposer ce nouveau traité ? Une constitutionnalisation de la « règle d’or » déjà formulée dès Maastricht : pas plus de 3% de déficit public et un endettement plafond de 60% du PIB, et surtout l’application de sanctions automatiques à l’égard des pays qui ne la respecteraient pas.
Nombreuses sont les personnes qui conçoivent cette décision comme nécessaire et juste. Après tout ne faut-il pas se protéger des « tricheurs » comme la Grèce ? Pourquoi devrait-on payer pour ces pays qui vivent au dessus de leurs moyens ? Un peu de discipline dans tout cela ne fera pas de mal, n’est-ce pas ? (...)
La période des années 1970 a été celle des prêts massifs octroyés aux pays qui sont alors passés de la désignation de pays pauvres à celui de pays en voie de développement. Car le prétexte fort noble s’ancrait officiellement dans le désir d’aider ces pays à se développer économiquement. La technique mise au point par les États Unis et relatée plus tard par le « repentant » John Perkins dans son livre Mémoires d’un assassin financier cachait un but moins philanthropique qui consistait en ceci :
– Approcher les gouvernants d’États préalablement ciblés en raisons de leurs ressources naturelles ou d’enjeux géopolitiques et de leur proposer un programme ambitieux d’investissements censés leur permettre de jouer dans la cour des grands.(l’exécution des projets devait être confiée aux entreprises américaines de sorte que les pays bénéficiaires ne voyaient pas la couleur de l’argent emprunté, sauf une petite partie qui se retrouvait sur les comptes en Suisse des ministres et gouvernants coopératifs) :
– De faire en sorte de les conduire au sur-endettement, ce qui fut assuré d’une part par des programmes trop lourds et surtout par l’explosion des taux d’intérêts dès le début des années 80 ;
- De les mettre ainsi en position de ne plus pouvoir rembourser et de justifier ainsi l’intervention du FMI se traduisant par de nouvelles « aides » accordées, n’ayant que pour but de permettre le paiement au moins des intérêts contre de « justes » mesures d’ajustement structurel... Entendez par là que puisque ces États bénéficiaires des largesses des pays riches s’étaient montrés incapables d’honorer leurs engagements, il devenait salutaire pour tous qu’on leur apprenne à le faire.
- Ouverture des frontières aux investisseurs étrangers, libre circulation des capitaux, réduction des dépenses publiques, suppressions des aides à l’agriculture, à l’enseignement, privatisations, orientation de leur économie à l’exportation au détriment des besoins de base devant être couverts par des importations, bradage des ressources naturelles aux multinationales étrangères, etc... etc... Bref mise totale sous tutelle au bénéfice de quelques uns au nom de la dette.
Le banc d’essai étant concluant pourquoi ne pas passer au plat de résistance ? Les pays riches. Il y a là tellement plus d’argent à se faire et de pouvoir à acquérir. (...)
Bref, une totale mise sous tutelle de la haute finance internationale. Une colonisation sans occupation, uniquement par tenue en laisse.
Pourrait-on faire autrement ? Les larmes versées par la ministre italienne à l’environnement en disent long. On y lit la résignation et la rage impuissante d’une personne, pourtant membre d’un gouvernement sensée avoir des manettes pour agir. Elle est comme la plupart d’entre nous, enfermée dans la fausse croyance que si l’on manque d’argent il faut l’emprunter à ceux qui en ont contre une juste rémunération, l’intérêt. Elle a oublié ou elle ignore comme tant d’autres que la monnaie moderne est une simple écriture sans valeur propre, créée par la seule volonté humaine. Elle ignore ou elle a oublié que ce sont les précédents traités européens qui ont ôté aux États la possibilité d’émettre leur propre monnaie sous la pression de l’Allemagne, incapable de surmonter le traumatisme de l’hyper inflation qui l’a ravagée au début des années 20. Par ignorance ou par oubli, elle consent à se soumettre et à condamner son peuple aux même sort que celui de la Grêce.
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Je suis étonné de voir combien nos concitoyens se passionnent pour les prochaines élections présidentielles, comme si nous avions quelque chose à en attendre ! Comme le dit si bien Étienne Chouard dans ses conférences, nous sommes dans un hideux travestissement de la démocratie qui utilise le suffrage universel pour tout légitimer. Si vous voulez regarder les choses de plus près vous constaterez que les deux personnalités présentées comme présidentiables ont été pré-sélectionnées, accompagnées dans leur carrière, médiatisées au point de conditionner notre esprit et que notre suffrage n’a d’autre but que de nous laisser croire que nous avons choisi notre dirigeant, alors que l’on ne fait que valider un choix fait par d’autres.
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Ne voyez vous pas la dérive vers un totalitarisme financier de plus en plus décomplexé ?
Voilà ce qui se cache derrière ces mesures prises comme ça et présentées par tranche pour ne laisser voir qu’un bon sens apparent mais masquer aux yeux des peuples l’image finale du puzzle en construction.