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Greenpeace
Nucléaire et pétrole : le cocktail Lomonosov
Article mis en ligne le 8 septembre 2017

La Russie est en train de travailler sur une dangereuse expérience… Tablant sur le fait que le réchauffement climatique aura bientôt fait disparaître la glace des ports sibériens, et que l’extraction pétrolière et l’économie de la région arctique seront bientôt ainsi dynamisées, Moscou est en train de construire une centrale nucléaire flottante.

La centrale flottante Akademik Lomonosov, actuellement en construction dans le port de Saint-Pétersbourg, sera déplacée à Mourmansk, en Sibérie, pour y être chargée en combustible et mise en route. Pour les habitants de Saint-Pétersbourg, c’est un soulagement que cette centrale ne soit finalement pas démarrée dans leur ville, la deuxième plus peuplée de Russie, d’autant qu’aucune évaluation appropriée des risques n’a été effectuée… (...)

En Russie, des centrales nucléaires comparables sur des brise-glaces et des bateaux de guerre ont déjà provoqué des accidents, totalisant 29 décès.

Manifestations contre la centrale nucléaire flottante

Plus de 11 000 habitants de Saint-Pétersbourg ont signé une pétition contre le chargement des deux réacteurs nucléaires. « Cette opposition semble faible en comparaison de ce qui se fait en Europe occidentale, explique Jan Haverkamp, spécialiste du nucléaire pour Greenpeace Europe centrale et orientale, mais ça demande beaucoup de courage dans la Russie de Poutine. Cette résistance montre l’ampleur de la peur dans la population ».
Les Etats riverains de la Baltique (l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie) sont également soulagés par la décision de Moscou. Il est bien moins risqué qu’une centrale nucléaire qui n’a pas encore été démarrée, sans combustible et donc non radioactive, longe leurs côtes. C’est la raison pour laquelle Greenpeace avait appelé tous ces Etats à se prononcer contre cette centrale nucléaire flottante.

Le gouvernement finlandais s’en était par exemple tellement inquiété qu’il a envoyé son directeur de la sécurité nucléaire à Saint-Pétersbourg pour évaluer la situation sur place. Le gouvernement norvégien a également fait part de son inquiétude à ce sujet. D’autres pays ne devraient pas tarder à demander une évaluation de l’impact environnemental de ce projet. (...)

Une centrale nucléaire dangereuse pour une exploitation pétrolière à risque (...)

Il est prévu que la construction de l’Akademik Lomonosov se termine l’année prochaine à Saint-Pétersbourg. L’installation sera ensuite remorquée jusqu’à Mourmansk. Pour finir, le combustible nucléaire sera chargé dans les réacteurs qui seront testés avant d’être remorqués en 2019 sur le site où ils entreront en service, à Pewek, une commune de 5000 habitants du nord-est de la Russie. Le choix de cette ville paraît totalement incohérent puisque cette centrale peut générer le courant nécessaire à 100 000 personnes !

Mais la Russie suit une logique perverse. Elle semble déjà prévoir l’époque à laquelle le réchauffement climatique aura fait disparaître la glace des ports sibériens, dynamisant ainsi l’extraction de pétrole et l’économie de l’Arctique… Même si cela doit s’avérer désastreux pour le climat et l’environnement. (...)

Anticiper la fonte des glaces liée au pétrole et parsemer l’océan de centrales nucléaires flottantes : le couple toxique nucléaire-pétrole continue d’empoisonner la planète. Si la logique cynique qui se cache derrière le projet a de quoi dégoûter, la mise en service de centrales flottantes à proximité immédiate de zones peuplées a également de quoi inquiéter. Tout comme la question du démantèlement des installations contaminées et des déchets radioactifs ; des défis qu’aucun pays ne sait encore comment relever à ce jour.