
L’élection de Naftali Bennett est l’illustration parfaite de la manière dont fonctionne le système d’apartheid d’Israël.
Après 12 ans, Israël a finalement donné l’investiture à un nouveau Premier ministre. S’il est salué par beaucoup comme le symbole d’un nouveau départ, Naftali Bennett est au mieux un gardien des politiques de Netanyahou et au pire un idéologue dont les positions sont à droite de celles de Netanyahou. (...)
En 2013, alors que les pourparlers de paix au Moyen-Orient devaient reprendre après un gel de cinq ans, Bennett aurait affirmé au conseiller pour la sécurité nationale israélienne Ya’akov Amidror : « J’ai tué plein d’Arabes dans ma vie — et je n’ai pas de problèmes avec cela ».
En 2014, Bennett, qui avait été auparavant le directeur du Conseil des colonies du Yesha, a contredit Netanyahou en affirmant que tous les juifs israéliens vivant en Cisjordanie, même ceux vivant dans des avant-postes en violation du droit israélien, devraient rester sous souveraineté israélienne et a appelé à construire plus de colonies. « Il est temps d’agir », a-t-il dit. « Nous devons continuer à construire dans tous les coins de la Terre d’Israël, avec détermination et sans confusion. Nous construisons et nous n’arrêterons pas. »
En 2016, en tant que ministre de l’Education d’Israël, Bennett a appelé les juifs israéliens à « donner [leurs] vies » pour annexer la Cisjordanie. Si cela peut paraître relativement anodin, cela ne l’était pas. Les remarques de Bennett évoquaient le kahanisme, une idéologie suprémaciste juive, basée sur les opinions du rabbin Meir Kahane, qui appelle à utiliser violence et terrorisme pour sécuriser Israël en tant qu’Etat ethno-nationaliste. (...)
Le dimanche 13 juin 2021, juste avant son investiture en remplacement de Netanyahou comme Premier ministre d’Israël, Bennett a réitéré ses opinions anti-palestiniennes en proclamant que son gouvernement « renforcerait les colonies sur l’ensemble de la Terre d’Israël ».
Ce n’est pas seulement sur la question palestinienne que Bennett est un idéologue d’extrême-droite. Bennett utilise son adhésion au judaïsme orthodoxe comme couverture à son opposition au mariage gay. « Le judaïsme ne reconnaît pas le mariage gay, exactement comme nous ne reconnaissons pas comme casher le mélange de lait et de viande et rien ne changera cela », a-t-il déclaré. (...)
Alors pourquoi des politiciens et des organisations progressistes réagissent-ils si positivement au changement en Israël ? Bernie Sanders, connu pour ses positions progressistes et pour être un champion des droits palestiniens au Congrès [américain], a dit dans une vidéo qu’il était « optimiste » sur le fait qu’il serait plus facile pour eux de travailler avec le nouveau gouvernement. (...)
Une réponse se trouve dans le degré auquel les gens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’Israël, en avaient assez du régime de Netanyahou. Son mandat a été perturbé par des accusations de corruption et des manoeuvres rusées pour rester au pouvoir et par ce qui est devenu un cycle interminable d’élections israéliennes, pendant lequel le gouvernement a été paralysé et incapable de faire voter un budget pendant les trois dernières années.
L’autre réponse, cependant, est que c’était le meilleur changement qui pouvait être obtenu d’un gouvernement qui empêche environ cinq millions de personnes vivant sous sa domination d’être autorisées à voter. (...)
Environ 20% des citoyens israéliens sont Palestiniens. Ils peuvent voter dans toutes les élections israéliennes et ont des représentants à la Knesset. Cette élection a vu un parti palestinien rejoindre pour la première fois une coalition gouvernementale israélienne. Cependant, les Palestiniens avec la citoyenneté israélienne représentent seulement environ un tiers des Palestiniens vivant sous domination et occupation militaire israéliennes.
Bien que l’Autorité palestinienne et le Hamas soient les gouvernements officiels de Cisjordanie et de Gaza respectivement, Israël est la puissance absolue en charge. Israël contrôle les frontières, la monnaie et la banque centrale. Il collecte les impôts au nom de l’Autorité palestinienne (AP), maintient un droit d’exécuter des opérations militaires sur sol palestinien et contrôle la quantité de liberté ou manque de liberté, qui est accordée aux Palestiniens.
Israël approuve seulement environ la moitié des permis demandés par les résidents de Gaza afin de voyager hors de Gaza pour un traitement médical vital. (...)
Israël ne contrôle pas seulement les frontières extérieures de la Cisjordanie, mais ce qui se passe à l’intérieur également. Alors que l’Autorité palestinienne gère les services et l’infrastructure pour une grande partie de la Cisjordanie, Israël est l’autorité suprême. Les conseils régionaux des colonies israéliennes contrôlent 40% du territoire de la Cisjordanie. Même dans des zones comme Ramallah, supposées sous contrôle complet de l’Autorité palestinienne, Israël se réserve le droit d’entrer dans la cité à n’importe quel moment, de fermer des rues et des magasins, de faire irruption dans les maisons et d’arrêter les habitants sans mandat.
Si l’AP maintient effectivement un système judiciaire et pénal, qui est lui-même incroyablement répressif, les Palestiniens sont aussi soumis au système des tribunaux militaires d’Israël et à des lois comme l’Ordonnance militaire 101, qui interdit les manifestations pacifiques. Bien qu’ils soient poursuivis dans les tribunaux militaires israéliens et purgent des peines dans les prisons militaires israéliennes, les Palestiniens n’ont rien à dire sur qui est recruté pour diriger l’armée israélienne, encore moins les tribunaux militaires. (...)
les Palestiniens de Jérusalem détiennent le statut de résidents permanents, leur permettant de voter dans des élections municipales, mais pas nationales. Même si cela peut à première vue paraître aller dans la bonne direction, un examen plus attentif révèle une manipulation minutieuse des données démographiques pour garantir à tout moment une majorité d’au moins 70% de juifs. Par des politiques comme une imposition exorbitante, la demande constante de preuves de résidence et le refus de la réunification familiale, Israël s’est arrangé depuis 1967 pour révoquer le statut de résident de 14 595 habitants palestiniens de Jérusalem.
En ce moment même, les tribunaux d’Israël sont en train de nettoyer ethniquement le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem Est. (...)