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Nous sommes toutes des « petites connes »
Article mis en ligne le 25 février 2020
dernière modification le 24 février 2020

Après les insultes du député UDI Meyer Habib, qui a qualifié des parlementaires de « petites connes » suite à leur participation à une danse pour dénoncer l’impact de la réforme des retraites sur les femmes, un collectif d’élues et militantes affirment que « les "petites connes" n’ont pas fini de faire enrager les sexistes de tout poil ». Elles appellent à « faire du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, la meilleure réponse qui soit ».

« Indigence », « ridicule », « pitreries », « harpies » … ces derniers jours, des hommes, internautes, animateurs d’émission ou politiques, s’en sont donnés à cœur joie pour exprimer en toute décomplexion leur sexisme, jusque dans des émissions grand public. Le comble est atteint quand le député UDI Meyer Habib déclare en plein hémicycle que quelques parlementaires, Clémentine Autain, Elsa Faucillon, Esther Benbassa, Manon Aubry, sont de « petites connes » parce qu’elles ont osé chanter et danser pour dénoncer l’impact de la réforme des retraites sur les femmes.

Face à une réforme des retraites qui va aggraver les inégalités entre femmes et hommes, refuser de céder au désespoir et s’attaquer par l’humour et la parodie au pouvoir apparaît comme insupportable pour toute la phallocratie. La majorité ne ferait-elle mieux pas de s’émouvoir du fait que syndicalistes, universitaires, expertes de l’égalité femmes/hommes, alertent depuis des mois, arguments et chiffres à l’appui, sur le danger que représente la réforme des retraites pour l’autonomie économique des femmes ?

Depuis des mois, les femmes sont au cœur des mobilisations sociales. Elles ont été nombreuses à enfiler un gilet jaune pour enfin être visibles et entendues. Elles sont de nombreuses soignantes à dénoncer l’agonie de l’hôpital public. Et depuis plusieurs semaines, les femmes se lèvent face au projet de réforme des retraites du gouvernement. La chorégraphie « à cause de Macron » a joué un rôle de catalyseur, reprise dans près d’une centaine de villes, par des femmes de tous horizons, toutes générations, dans les cortèges, devant les hôpitaux, les universités, les gares ou avec les travailleuses en grève de l’hôtel Ibis Clichy-Batignolles. (...)

Des femmes parlementaires ont eu le courage de les rejoindre et tant mieux. Si elles sont des « petites connes », alors nous le sommes aussi et nous en sommes fières. Les « petites connes » n’ont pas fini de faire enrager les sexistes de tout poil, à la télévision comme à l’Assemblée, à refuser le mépris et à exiger le retrait d’une réforme profondément injuste. Ils détestent notre joie car elle est communicative et nous donne l’énergie de lutter contre l’avenir morose qu’ils veulent nous imposer. Alors nous, « petites connes », continuerons de danser partout où nous le voudrons et appelons à faire du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, la meilleure réponse qui soit.