
L’activité humaine est responsable de l’apparition récente de 4 % des minéraux recensés, selon une étude scientifique. Ces 208 nouveaux minéraux, apparus en un temps géologique extrêmement court, prouvent selon eux que nous sommes bel et bien entrés dans l’ère de l’anthropocène.
(...) Dans cet article, l’équipe dirigée par Robert Hazen, de l’Institut Carnegie pour la science, identifie pour la première fois un groupe de 208 nouveaux minéraux qui proviennent principalement ou exclusivement des activités humaines. Cela représente environ 4 % des 5.200 minéraux officiellement reconnus par l’International Mineralogical Association (IMA). (...)
La plupart de ces minéraux attribués aux activités humaines proviennent des mines — dans les décharges de minerais, sur les murs des tunnels, dans l’eau des mines ou les structures en bois, ou des incendies survenus dans les mines. Six ont été trouvés sur les murs de fonderies, trois formés dans la plomberie d’une installation de géothermie. (...)
Il a fallu 4,5 milliards d’années pour que des éléments minéraux se combinent naturellement, à un endroit, à une profondeur et à une température précises, pour former les plus de 5.200 minéraux reconnus officiellement aujourd’hui. La plupart d’entre eux sont apparus depuis la “grande oxydation”, il y a 2 milliards d’années, et 208 sur ces 5.200 ont été produits directement ou indirectement par les activités humaines, principalement depuis le milieu du XVIIIe siècle. Nous pensons que bien d’autres sont en voie de formation, au même rythme effréné. En effet, 250 ans par rapport à 2 milliards d’années, c’est la différence entre un clin d’œil (un tiers de seconde) et un mois. Autrement dit, nous vivons dans une ère de diversification rapide des composés inorganiques qui est sans précédent. En effet, si la “grande oxydation” représente comme une virgule dans l’histoire de la planète, l’énorme impact géologique de l’anthropocène est un point d’exclamation. » (...)
Mais l’anthropocène n’est pas encore reconnue par la communauté scientifique qui définit les ères géologiques, et plus précisément par la Commission internationale de stratigraphie, qui se réunit au sein de l’Union internationale des sciences géologiques (IUGS). Pour marquer une ère géologique, il faut en effet trouver une marque distinctive géologique (...)
En août dernier, le congrès de l’IUGS s’est tenu au Cap, en Afrique du sud. Lors de ses travaux, le Groupe de travail sur l’anthropocène a voté, par trente voix contre trois et deux abstentions, que le passage à l’anthropocène devait être déclaré, de nombreux signaux l’attestant. Il reste à déterminer lequel est le plus pertinent. (...)