Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France TV Info
"Nous risquons de devoir faire des choix" : les hôpitaux encore plus sous tension face à l’afflux de malades du coronavirus
Article mis en ligne le 18 mars 2020

L’épidémie de Covid-19 met à rude épreuve le système hospitalier. Les établissements doivent s’organiser et trouver des lits pour les malades, alors qu’ils souffrent déjà du manque de moyens.

L’établissement du Haut-Rhin dispose désormais de deux entrées séparées : une première pour les patients suspectés d’être atteint du Covid-19 ; une seconde pour les autres. C’est la première porte qui concentre l’essentiel de l’activité des soignants et médecins. Lors de la seule journée de dimanche, neuf patients en détresse respiratoire ont été intubés : "Si vous ne le faites pas, ils meurent." Ils souffrent de pneumonies bilatérales avec œdème interstitiel – un mal qui étreint la poitrine et fait souffrir le martyre. Des interventions chirurgicales ont déjà été déprogrammées et les urgences traumatologiques sont désormais prises en charge par le service de chirurgie d’orthopédie-traumatologie.

"On s’attend à ce que le nombre de cas explose"

Les masques, qui devraient être changés toutes les quatre heures, sont délivrés au compte-gouttes. Sur les 64 000 qui ont été commandés, 24 000 ont été utilisés durant le week-end, précise Marc Noizet, patron des urgences du GHR Mulhouse Sud Alsace, dans les Dernières nouvelles d’Alsaces. Les solutions hydroalcooliques sont encore disponibles, mais pour combien de temps ? Respirateurs et lits commencent aussi à manquer. Lundi 16 mars au matin, un patient a dû être transféré à Nancy. "Pour le moment, on a réussi à avoir de la place pour tout le monde", résume l’infirmière. L’établissement a transformé 135 lits pour les patients "Covid", selon le chef du service, et 46 patients sont en réanimation.

Il faut quand même lâcher sa famille, ses enfants, en se demandant si on va être infectés. D’ailleurs, un médecin l’a eu. Mais l’Etat n’était pas là quand on demandait davantage de moyens l’an passé.Christelle, infirmière à Mulhouse (...)

La situation pourrait être rapidement tendue à Grenoble (Isère). Lundi matin, des représentants ont d’ailleurs évoqué la crise lors d’une réunion. Alors qu’il était initialement prévu de dédier la moitié des 104 lits de réanimation à l’épidémie de coronavirus, le choix a été fait de tous les réserver aux victimes du Covid-19. Seul problème : il manque encore une vingtaine de respirateurs pour les équiper. "On s’attend à ce que le nombre de cas explose", explique un praticien hospitalier grenoblois. Pour soulager le CHU, quatre cliniques ont arrêté leurs activités, dont deux sont capables de faire de la réanimation. Le centre public hospitalier de Voiron, lui, a fermé 23 lits de chirurgie. Confrontés à ces nécessaires réorganisations, les cadres hospitaliers ont parfois le sentiment d’être livrés à eux-mêmes – l’un des participants à la réunion a d’ailleurs regretté l’absence de la préfecture ou de l’Agence régionale de santé (ARS).

"Nous souffrons d’un manque d’effectifs chronique" (...)

En attendant, l’inquiétude grandit sur la question des masques. Les industriels pourront-ils en fabriquer rapidement et en quantité suffisante ? A l’heure actuelle, aucune réponse. La question est suffisamment sérieuse pour qu’un médecin ait rédigé un courrier plutôt salé à la députée de l’Isère Elodie Jacquier-Laforge. "Il est inconcevable que les infirmières et aides-soignantes soient envoyées au contact des patients sans masque adaptés", écrit ce professionnel, dans ce document consulté par franceinfo.

Si des masques sont disponibles, il faut les faire livrer avec une logistique militaire. S’il n’y en pas suffisamment pour faire face, faites en fabriquer d’urgence, sans pour autant déroger au contrôle qualité.Un médecin grenoblois (...)

Mais d’autres nuages arrivent à leur tour.

"La question se pose également sur les médicaments. Curares, bronchodilatateurs par intraveineuse... J’ai contacté un pharmacien qui n’en a plus", poursuit le praticien hospitalier interrogé par franceinfo. (...)

Nous sommes tellement en manque de matériel et de personnel que nous risquons de devoir faire des choix. Prendre en charge une fracture ou un Covid ? Ce serait très difficile à vivre pour les professionnels hospitaliers et les patients.une infirmière de soins de Grenoble (...)

Plus largement, tout le système de santé subit les conséquences de l’épidémie. Bruno Caron dirige le centre médico-psychologique à Grenoble, où la moitié des effectifs manque désormais à l’appel, sans compter la possible réquisition d’internes. Pour éviter la diffusion du virus, les activités collectives ont dû être arrêtées et certaines consultations sont réalisées par téléphone. Un dilemme, car certains patients isolés risquent "d’aller très mal et de se rendre ensuite aux urgences, ce qui est tout à fait contre-productif". Dans cette situation inédite, tout se "joue donc au cas par cas".

le direct de France Info

10h50 : Cette évacuation se fait à bord d’un Airbus A330 MRTT "Phénix", équipé du module Morphée qui permet en temps normal l’évacuation de blessés de guerre nécessitant une réanimation. C’est la première fois qu’il est utilisé pour des patients civils. Les six malades de Mulhouse sont attendus en fin d’après-midi dans les hôpitaux militaires Laveran à Marseille et Sainte-Anne à Toulon, a précisé l’Etat-major.

10h47 : L’évacuation de six patients de Mulhouse vers Toulon a débuté, annonce l’hôpital. (...)