
Ils luttent contre les fermetures de leurs maternités, de leurs services de chirurgie ou de leurs urgences. Il existe des dizaines de comités de défense des hôpitaux de proximité en France. Certains arrivent même à renforcer l’accès aux soins, en participant à la création de centres de santé. Basta ! donne la parole à ces citoyens qui se mobilisent pour l’intérêt général.
« Notre association s’est créée en 2012 suite à la fermeture du service de réanimation de l’hôpital. Depuis, nous tenons une permanence devant l’hôpital tous les jeudis après-midi, quel que soit le temps, même par -5°C », relate Nicole Marty, de l’association de défense de l’hôpital de Sarlat, ville de 9000 habitants en Dordogne. « Ici, nous sommes à plus d’une heure de tout autre hôpital, que ce soit Périgueux, Bergerac ou Cahors », ajoute la retraitée. « Le 1er mai 2017, nous avons réuni citoyens et personnels de l’hôpital pour empêcher la transformation de la maternité en simple centre de périnatalité », donc sans possibilité d’y accoucher. Ça a payé. « Nous avons sauvé la maternité ! »
Plus récemment, le collectif a protesté contre la fermeture de 14 places d’hospitalisation (sur 38) dans le service de psychiatrie de Sarlat. (...)
Des associations comme celle de Sarlat, il en existe des dizaines. De la Bretagne à la région Paca, de Vire (Calvados) à Remiremont (Vosges), d’Albi (Tarn) à Dole (Jura), des milliers de citoyens sont engagés pour maintenir l’accès aux soins sur leur territoire. L’un des plus anciens comités de défense se trouve à Die, dans la Drôme. « Le collectif s’est créé en 1986, quand le préfet avait écrit au conseil d’administration de l’hôpital pour fermer les cinq lits de la maternité. Le maire de Die, Jean-Pierre Rambault, s’y est opposé et s’est tourné vers la population, avec qui il a fondé le comité de défense », retrace Philippe Leeuwenberg, l’actuel président du collectif. Du fait de la mobilisation, la maternité n’avait pas été fermée alors.
Le comité de Die est resté actif ensuite. « Il y a eu une bataille pour le service de soins de suite et de réadaptation, pour la chirurgie, pour des travaux, pour des moyens… » Puis, l’ARS est revenue à la charge pour supprimer la maternité, en 2009. « Nous avons manifesté avec 2000 personnes. Et nous avons obtenu dérogation sur dérogation pour la garder ouverte. » Elle a finalement fermé en 2018. En juillet dernier, le tribunal administratif a jugé, suite à une requête du collectif, que cette décision était illégale, car actée sans concertation.
Pour autant, le comité se fait aujourd’hui peu d’illusion sur une possible réouverture. (...)
En 2019, un bébé est décédé in utero alors que la mère avait été transportée aux urgences de Die avant d’être héliportée à la maternité de Montélimar – à 70 km. Une enquête de l’ARS a conclu à des dysfonctionnements dans la prise en charge de sa grossesse, tout en se gardant bien de dire que le maintien de la maternité locale aurait changé les choses (...)
« Pourquoi éloigner un service public de la commune en temps de désertification des centres-villes ? »
Le collectif de Die s’oppose aujourd’hui au déplacement de l’hôpital dans de nouveaux bâtiments qui seraient construits à l’extérieur de la ville. « Alors qu’on a aujourd’hui des bâtiment au centre. Les personnes âgées qui vivent à l’Ehpad de l’hôpital peuvent sortir en ville à pied. Pourquoi éloigner un service public de la commune en temps de désertification des centres-villes ? » interroge Philippe Leeuwenberg.
Les petites villes n’ont rien à gagner à la politique de centralisation hospitalière, qui privilégie les grosses structures aux dépens du maillage de proximité.
« Aujourd’hui, ce sont aussi de plus en plus les urgences et les Smur [service mobile d’urgences et de réanimation] qui sont menacés », pointe Rosine Leverrier, enseignante retraitée et active au comité de Vire, dans la Calvados. De ville en ville le même scénario se répète depuis plus de deux décennies, avec un rythme de fermetures qui semble désormais s’accélérer. (...)
Pour financer un « hôpital chic », « on ferme les hôpitaux chez les pauvres »
En région parisienne, le comité de défense des hôpitaux du Nord-Essonne se bat de son côté contre la disparition pure et simple de trois hôpitaux, ceux de Juvisy-sur-Orge, Orsay et Longjumeau. Le projet de l’ARS d’Île-de-France est de fermer les trois établissements d’ici à 2024 pour transférer tous les soins dans un nouvel hôpital, situé à Saclay, là où l’État veut installer une « Silicon Valley » à la française.
Un comité qui crée un centre de santé coopératif
Maxime Lebigot souhaiterait que les installations des médecins libéraux soit régulées, comme c’est déjà le cas pour les pharmaciens et les infirmiers libéraux. « Nous payons la même CSG dans des zones rurales ou à Laval, et nous n’avons pas du tout le même accès aux soins ! » dénonce-t-il. Son association songe aujourd’hui à intenter une action en justice contre l’État, pour l’accès égal aux soins sur tout le territoire