
Alors que la pandémie de Covid entraîne une explosion de souffrances mentales, en particulier chez les plus jeunes, deux ouvrages dessinent l’histoire de ces deux grandes maladies de l’être, que notre époque s’efforce, plutôt mal que bien, de regrouper sous le nom de dépression.
ValeriaValeria Bruni-Tedeschi dit de son film Les Amandiers qu’il est « nostalgique mais pas mélancolique » : une précision qui invite à l’introspection. Quand sommes-nous nostalgiques plutôt que mélancoliques ? Qu’est-ce qui distingue ces deux émotions ? En est-il une douce et l’autre morbide ? Mais si oui, laquelle ?
Deux excellents livres d’historiens récemment traduits de l’anglais invitent à changer de focale, à quitter les délices de l’introspection pour se confronter au temps long de l’histoire. À l’échelle des derniers siècles européens, nostalgie et mélancolie ont été des pathologies, souvent graves, parfois mortelles. (...)
Des médecins les ont diagnostiquées, des femmes et des hommes en ont souffert, et il serait vain d’en sourire aujourd’hui au nom des progrès de la médecine. Les avatars de la souffrance mentale sont innombrables et les frontières de la pathologie toujours disputées. Remonter le temps nous aide à le comprendre, à replacer nos propres douleurs de l’esprit qu’exprime le corps dans le faisceau des conditions sociales qui les ont produites. (...)