
Dans le plus grand silence, dans la discrétion médiatique et dans un total déni de démocratie, l’Union européenne et les États-Unis préparent le plus important accord de libre-échange jamais imaginé : le grand marché transatlantique, dont la mise en application est prévue en 2015, c’est-à-dire demain !
Soucieux de conserver leur hégémonie économique face aux pays émergents, ces deux-là veulent libéraliser tout ce qui peut encore l’être dans le secteur public pour relancer l’emploi, la compétitivité et la croissance. Pour leur part, les multinationales ont gagné le droit de mettre en concurrence les législations sociales et fiscales des différents pays.
Les droits démocratiques seront également en danger, par le renforcement de la coopération policière dans la « lutte contre le terrorisme ».
Enfin, autre grand perdant, l’environnement, avec une aggravation du réchauffement climatique, un démantèlement des procédures de contrôle des produits chimiques, etc. Si ce projet funeste devenait réalité, l’humanité s’enfoncerait dans une voie sans retour (...)
Texte de la plateforme contre le marché transatlantique
(...)
Notre dénonciation des accords marchands entre les Etats-Unis et l’Europe ne doit surtout pas être confondue avec un anti-américanisme primaire. Elle vise par contre une remise en cause des traités qui, de l’Acte Unique européen (1986) au traité de Lisbonne (2009), façonnent l’Europe des marchés au détriment de l’Europe des peuples. Dans cette logique, le marché transatlantique permettra de passer à la vitesse supérieure. Alors qu’il est urgent de faire marche arrière !
En tant que citoyens, nous exprimons notre désaccord fondamental avec ce projet :
- Qui dépouille le monde politique de ses pouvoirs souverains au profit du marché.
- Qui privilégie les intérêts privés du monde des affaires, au détriment des préoccupations démocratiques, sociales, environnementales, sanitaires et humanistes qui sont pour nous des valeurs fondamentales.
- Condamnant le marché transatlantique (ainsi que les projets européens ou américains similaires menés avec d’autres pays), nous voulons que nos responsables politiques se positionnent clairement contre ce projet et y mettent un terme en exigeant des institutions européennes (Conseil, Commission, Parlement) :
- une remise en cause des accords internationaux accordant des pouvoirs accrus aux firmes privées et aux marchés financiers (via l’extension géographique des « libertés économiques »),
- une séparation stricte entre les représentants politiques et les lobbys d’affaires, la soumission de responsables politiques à des intérêts purement privés étant en soi inacceptable,
- des garanties démocratiques de légitimité électorale et de transparence pour les débats et les décisions lorsque des institutions (européennes, transatlantiques, mondiales) existent ou sont mises en place,
- l’adoption de législations accordant à l’humain, au social et à l’écologie une priorité politique sur les normes marchandes et les exigences commerciales, ce qui implique notamment une régulation et un contrôle public des activités des multinationales et des marchés financiers,
- la suppression des législations sécuritaires qui contreviennent aux libertés fondamentales et démocratiques.