Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
Naomi Klein : « L’industrie pétrolière risque de brûler cinq fois plus de CO2 que ce que peut en absorber...
« Tout peut changer, capitalisme et changement Climatique » (This Changes everything), aux éditions Actes Sud. Naomi Klein
Article mis en ligne le 21 février 2015
dernière modification le 18 février 2015

« Quand vous affrontez les compagnies les plus riches de la planète, le combat n’est pas équitable », prévient Naomi Klein, écrivaine et militante altermondialiste canadienne dont le nouveau livre « Tout peut changer » sort en France en mars.

Ces compagnies, vous les connaissez, ce sont celles qui exploitent le pétrole, le charbon et le gaz enfouis dans le sol : BP, Exxon, Shell, Total… Si elles extraient l’ensemble des réserves fossiles qu’elles détiennent, ce ne sera plus un réchauffement mais un embrasement climatique, à cause du carbone qui sera libéré dans l’atmosphère. Pourtant, Naomi Klein demeure optimiste et voit dans la période qui s’ouvre « une opportunité unique pour notre génération » pour changer le système. Entretien. (...)

"Nous sommes cependant véritablement arrivés à un moment phare. Il suffit de constater à quel point le mouvement dont nous faisons partie est en pleine croissance. Nous sommes à l’aube des rencontres de Paris [la Conférence sur le climat (COP 21), fin décembre]. Le climat va devenir la préoccupation majeure en figurant à la une des médias. Par ailleurs, si l’on regarde du côté des énergies renouvelables, l’Allemagne a su aller de l’avant en très peu de temps : 20 à 25% de son électricité provient maintenant des énergies renouvelables. (...)

Il y a de bonnes raisons de penser que si l’on met en place les mesures politiques et économiques adéquates, ce pourrait être le bon moment pour mettre un terme aux énergies fossiles et pour faire pression en faveur d’une économie décentralisée et basée sur les énergies renouvelables. Cela fait plus de dix ans que le prix du baril de pétrole est entre 80 et 100 dollars, atteignant parfois même jusqu’à 120 dollars. Le prix est monté à 100 dollars le baril suite à l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003. C’est à ce moment-là que tout a vraiment commencé. (...)

Pourquoi en dépit tout le travail de sensibilisation qui a été fait ces dix dernières années – « Une vérité qui dérange » [Documentaire sorti en 2006, associant le vice-Président états-unien Al Gore], le GIEC qui a reçu le Prix Nobel, ainsi que tous ces autres moments de sensibilisation autour du changement climatique –, rien ne s’est concrétisé en actions ? Parce que nous nous sommes heurtés à la puissance titanesque des gros profits générés par un prix du pétrole aussi élevé. (...)

Nous sommes à présent en sursis. Tout cela n’est pas définitif. Ce qui baisse peut aussi remonter et va remonter. Nous disposons d’un peu de marge de manœuvre car beaucoup des projets que nous avons laborieusement tenté de stopper sont en train de péricliter tout seuls. (...)

Quand vous affrontez les compagnies les plus riches de la planète, on ne peut pas dire que le combat soit équitable. En revanche, quand leurs propres investisseurs se mettent à douter, je pense qu’il y a moyen de remporter de grandes victoires pour mettre un terme aux nouvelles frontières des combustibles fossiles, l’arrêt de la fracturation hydraulique et des forages dans l’Arctique. Tout cela est très lié à la logique du mouvement de désinvestissement et à la nécessité de laisser le charbon sous terre. Mais on sait pertinemment que l’on ne va pas gagner cette bataille du désinvestissement d’un seul coup. (...)

Je crois que nous sommes aujourd’hui dans une bien meilleure position pour faire de telles avancées. Nous avons là une fenêtre d’opportunité et ce n’est pas le moment de nous reposer sur nos lauriers. Ce que je veux dire par là est que quand The Economist parle d’opportunité unique pour notre génération, comprenez bien, cela veut dire qu’une telle opportunité ne se représentera pas de sitôt.
(...)