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Nagoya, le bal des financiers
Article mis en ligne le 25 octobre 2010
dernière modification le 24 octobre 2010

Il est difficile de qualifier le degré de cynisme qui entoure la conférence de la Convention sur la diversité biologique (CBD, Nagoya, Japon 18- 29 oct.). L’avalanche de déclarations, rapports, événements et autres publi-reportages qui a jalonné cette « Année internationale de la biodiversité » augure-t-elle vraiment d’un nouveau cap pour les écosystèmes et les millions d’espèces qui les constituent ? Tous les grands équilibres de la planète sont menacés – stabilité du climat, capacité des océans à absorber le gaz carbonique, des sols à se régénérer etc. On serait en droit d’attendre un sursaut des décideurs politiques et des organismes internationaux. Or il n’en est rien. Ou plutôt si, mais c’est un saut périlleux, qui prépare le transfert de la gestion de la biosphère à la sphère financière.

Science fiction ? Hélas non. La financiarisation des « services écosystèmiques » (sic !) est déjà en marche. Le programme TEEB, The Economics of Ecosystems and Biodiversity (1), a chiffré les services économiques rendus, par hectare et par an, par les prairies, forêts, zones humides, bassins versants, massifs coralliens etc. Les partisans d’une réponse économétrique à la crise écologique ont préparé des bourses, calquées sur la bourse carbone et autres instruments financiers spéculatifs, comme les Futures et les options. The Business of Biobiversity promet des chiffres d’affaires faramineux aux investisseurs « verts »(2). Après un recensement exhaustif de tous les écosystèmes de la terre, leur enregistrement complet par photos satellites, et toutes données disponibles en ligne pour les firmes transnationales, le grand marché va pouvoir prendre son essor. Mais puisqu’on vous dit que c’est pour sauver la planète !

(...) l’économétrie, appliquée à la biosphère toute entière, constitue la promesse d’un nouvel Eldorado dans lequel les firmes transnationales vont pouvoir s’engouffrer.

contrairement au groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, l’IPBES aura un mandat politique, et de facto, un mandat supranational. Aujourd’hui, la convention sur la diversité biologique oblige les multinationales qui veulent investir dans les ressources naturelles, à demander l’accord des États pour y accéder. L’IPBES leur permettra de s’exonérer de cette obligation. (...)

l’IPBES donne un chèque en blanc au capitalisme spéculatif sur tous les écosystèmes de la planète. Ce scénario n’est peut-être pas inévitable. Le pire n’est jamais sûr. Mais il est urgent de se réveiller !(...)