
Chers amoureux du Jardin botanique des Serres d’Auteuil,
Dans un article daté du 7 février dernier, Le Parisien affirme « Le nouveau court de tennis Simonne-Mathieu… désormais fait partie du paysage ». (Notons en passant le nom donné par la Fédération française de tennis, celui d’une tenniswoman totalement inconnue du public).
Pour nous qui nous sommes mobilisés pendant huit ans contre ce projet, à l’heure du bilan, nous sommes loin de partager cet avis.
Une parodie de concertation
Ironie de l’histoire : les associations de défense du Jardin botanique des Serres d’Auteuil triplement protégé par la loi (inscrit monument historique, labellisé site naturel et jardin botanique) ayant participé dès fin 2011 aux (quelque douze) séances de concertation (sic !) avec la Fédération française de tennis (FFT) et la ville de Paris, s’alarmaient de la disparition des neuf serres chaudes de production construites par Formigé, perpendiculaires au boulevard d’Auteuil. Modernisées au cours des décennies suivantes, contenant une collection de valeur mondiale de 10 000 plantes tropicales et sub tropicales (ayant valu au jardin son label botanique), elles seraient rasées si le stade de la FFT était construit. Pour calmer les alarmes des citoyens, l’architecte a proposé d’entourer le stade de serres modernes ! Ainsi la soi-disant concertation s’est-elle retournée contre les citoyens pour finir par accoucher de cette masse de verre, de fer et d’aluminium dénaturant le jardin et les aériennes créations de Formigé. Puis pour faire passer la pilule, à la demande de la maire de Paris, les services de la DEVE (Direction des espaces verts) ont été priés de concocter un projet pour meubler ces quatre serres géantes : « Quatre serres et 800 plantes » proclame l’intertitre du Parisien. Mais ces 800 plantes (des arbres tout juste plantés) ne représentent rien à côté de l’ancien trésor de 10 000 plantes des anciennes serres chaudes, plantes déménagées dans les grandes serres Formigé, qui ne sont pas des serres chaudes convenant aux fragiles plantes tropicales.
Un symbole désastreux
A l’heure du bilan, il faut admettre que loin de « faire partie du paysage », le nouveau stade de la FFT qui ampute et bétonne l’un des plus beaux jardins de Paris, se dresse agressivement tel un désastre écologique et patrimonial, et un symbole de la toute puissance du fric sport. Bien que des héritiers de Jean-Camille Formigé se soient mobilisés pour défendre l’intégrité du chef d’œuvre de leur ancêtre, aucun juge du tribunal de grande instance n’a voulu les suivre. De même lors des nombreux recours des associations auprès du tribunal administratif, ces dernières ont-elles gagné en première instance et perdu en appel face à la ville de Paris et la FFT. Le coup de grâce étant venu du Conseil d’Etat (tout comme dans l’affaire de la Samaritaine). Et comment se fait-il que ni les autorités concernées, ni les juges des tribunaux, n’aient pris en compte la masse des 84 000 signataires de la pétition Sauvons les Serres d’Auteuil lancée dès octobre 2010 ? Des amoureux des Serres d’Auteuil de toute la France et bien des pays étrangers. Celles et ceux qui ont suivi les sept années de combat savent pourtant qu’il existait une autre solution proposée par les associations (...)