
Après avoir œuvré pour guérir “une démocratie française malade”, Daniel Lebègue a quitté la présidence française de l’ONG Transparency International. Le flambeau est désormais passé à Marc-André Feffer, qui compte élargir les avancées obtenues par son prédécesseur.
(...) “Je pense réellement que renforcer la démocratie et revitaliser la vie publique dans notre pays passe par la transparence et par une lutte de tous les instants contre des conflits d’intérêts mal gérés et contre la corruption”, (...)
En France, la réputation des lobbys est loin de revêtir comme caractéristique celle d’agir à visage découvert. Et, lorsque la loi Sapin II souhaite que les groupes déclarent publiquement un certain nombre d’informations sur leurs travaux à l’Assemblée nationale, le décret d’application rend la mesure très loin des attentes initiales.
“L’enjeu, c’est de trouver un équilibre entre la nécessité de rapporter publiquement ce qu’une entreprise fait sans être non plus dans la tracasserie administrative”, considère Marc-André Feffer, qui estime que les groupes de lobbys pourraient déclarer leurs activités à l’Assemblée tous les six mois et non tous les quinze mois comme l’impose le décret :“Le décret est à revoir pour qu’il y ait un minimum de traçabilité et que les citoyens sachent un peu, pas en temps réel mais sans attendre un an, à quoi s’intéresse l’entreprise Bayer, La Poste ou Total, et vers qui ces entreprises sont-elles allées.”
Du lobbying, Transparency France en a largement usé pour la loi Sapin II. Suffisamment pour avoir à réfléchir désormais à son rôle vis-à-vis des institutions mises en place pour la lutte anticorruption et la protection des lanceurs d’alerte. “Tous ces sujets, qui étaient jusqu’ici essentiellement portés par la société civile et Transparency, seront maintenant partagés avec des institutions dont c’est le rôle officiel. Cela nous amène sûrement à modifier un peu notre positionnement”, explique Marc-André Feffer. Le Forum des entreprises engagées, par exemple, permettait à l’organisation d’amener une culture de la déontologie au sein d’entreprises partenaires. Une mission qui est désormais aussi à la charge de l’Agence française anticorruption (AFA) auprès de 1.600 entreprises : celles de plus de 500 salariés dont le chiffre d’affaires dépasse 100 millions d’euros. Transparency devrait cependant garder un rôle au sein de leurs entreprises partenaires “en pleine transparence et collaboration” avec l’AFA.
Un lanceur d’alerte prend des risques pour des raisons morales” (...)