
Un collectif d’eurodéputés de gauche et écologistes, emmené par Isabelle Thomas (Alliance progressiste des socialistes et démocrates), s’indigne dans une tribune au « Monde » de la récente décision des Vingt-Huit de suspendre les opérations navales menées par l’Europe pour sauver des migrants en détresse en Méditerranée.
L’opération Sophia qui coordonnait le déploiement des forces navales européennes affrétées en Méditerranée ne sauvera plus ni homme ni femme, ni enfant en détresse comme elle l’a fait depuis 2015 pour 44 810 naufragés. Les Etats européens ont décidé le 27 mars que sa mission se limiterait désormais à la formation des garde-côtes libyens et aux renseignements aériens.
En 2018, au moins 2 299 personnes ont péri en Méditerranée, sans doute plus, si on tient compte de tous ces disparus sans voix, dont nous n’avons ni trace ni témoignage. Par la suspension des opérations navales Sophia, le conseil des chefs d’Etat et de gouvernement a décidé que ce serait pire en 2019. (...)
Ainsi les Etats européens ont-ils pris la décision de déserter la Méditerranée et d’y désigner comme « shérif » un Etat politiquement enfoncé dans l’instabilité totale et coupable de torture, comme en témoignent les ONG présentes dans la région. L’ONU écrivait pour sa part dans un rapport publié en décembre, que « la Libye ne peut être considérée comme un endroit sûr ».