
Intellectuel inclassable, Michel Serres se fait l’avocat d’un univers en péril dans un essai étrange et poétique, tandis qu’à Cancun, les Nations-Unies ont adopté un plan - très limité - de lutte contre le changement climatique.
(...) Toute la question est de savoir ce que la terre exprime. Nous en sommes locataires comme nous le sommes de notre corps. Et comme nous avons été locataires de celui de notre mère, ce lieu où nous avons tous habité, ce lieu originel, l’enveloppe première. La Nature parle, nous ne l’écoutons pas. Lorsqu’un arbre est attaqué, il avertit les arbres d’à côté. Ils communiquent entre eux par procédés chimiques, ils s’envoient des molécules. Ce qu’on détruit ne se reproduit plus. On ne s’en rend pas compte. Savez-vous d’où vient le mot « désastre » ? Dés-astre, le moment où on ne voit plus l’astre. La terreur des éclipses s’expliquait ainsi. Et le désastre, nous le construisons nous-mêmes.(...)