
Le Mexique, cela reste une image de pays en proie aux cartels de drogues, aux homicides, une violence intrinsèque presque à la cité, en pleine Amérique latine. Corollaire, ou non, plusieurs articles évoquent aujourd’hui la relation que les habitants entretiennent vis-à-vis de la lecture. Le paysage culturel mexicain s’appauvrit, et une très grande partie du pays semble avoir arrêté de lire, tout bonnement.
Il est certain que le gouvernement mexicain semble avoir plus à faire avec les cartels de la drogue, alors qu’un nouveau rapport jette l’opprobre sur le comportement des politiques. Accusés d’avoir trempé au cours des six dernières années dans différentes affaires de kidnapping, ou d’avoir fermé un peu trop les yeux, les politiques auraient même apporté leur aide à plusieurs cas de disparition, en aidant la pègre. Le rapport de Human Rights Watch est à ce titre accablant.
Avec une certaine logique, on se dit alors que la priorité n’est probablement pas mise sur la valorisation de la lecture et des livres, et par conséquent, sur l’éducation. (...)
Dans un éditorial paru dans le New York Times, David Toscana, en direct de Mexico, rapporte que la situation est particulièrement grave. « La proportion de la population mexicaine qui sait lire et écrire est en hausse, mais en chiffres absolus, on compte plus d’illettrés au Mexique qu’il n’y en avait voilà 12 ans », explique-t-il.
Et de rajouter que, même si l’alphabétisation première, déchiffrer un message sur un panneau dans la rue, ou lire les grands titres - uniquement les titres - de la presse est en hausse, « la pratique de la lecture d’un véritable livre disparaît ». Au point que le Mexique a pris l’avant-dernière place, soit 108e, sut la liste qu’établit l’UNESCO, à propos des habitudes de lecture dans les pays audités.
Toscana, l’un des plus importants auteurs mexicains à l’heure actuelle, ne tire pas simplement la sonnette d’alarme, il est littéralement alarmé, parce que son pays « patauge socialement, politiquement, et économique, du fait que bon nombre de citoyens ne savent pas lire ».
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Mais le gouvernement n’est peut-être pas disposé, estime Toscana : après tout, si demain le peuple se réveillait « aussi instruit que les Finlandais, les rues seraient remplies de citoyens indignés et notre gouvernement serait lui-même effrayé, à se demander où ces gens ont obtenu plus de savoir que pour faire fonctionner un lave-vaisselle ». (...)