Lundi (28/01) et cette semaine... répétera la précédente, comme d’ailleurs toutes les autres. Depuis les élections de juin (2012) c’est désormais sous le signe de « l’ordre et de la loi », en plus de la stratégie du choc, que le gouvernement tripartite de la Troïka de l’intérieur mène les affaires… et se démène dans tous les sens pour étouffer la contestation sociale. Les rames du métro circulent de nouveau depuis vendredi, et on vient d’apprendre ce matin, que le Conseil d’Etat saisi d’un recours initié par les syndicats contre la réquisition des employés de la Régie vient de le rejeter. « Le gouvernement préparerait la réquisition des conducteurs des autobus d’Athènes » (en grève depuis vendredi), croit savoir la presse du jour. Après avoir… placé la Constitution entre parenthèses, après la quasi-abolition des conventions collectives, voilà que le « gouvernement » met fin au droit de grève, même si, les (seuls ?) grévistes encore potentiels, proviennent de ces branches jadis bien soignées par le clientélisme politique d’avant-hier, mais finalement peu importe.
Ce qui est essentiel, tient de l’implacable métronome - littéralement cette « loi de la mesure » - imposé partout : « Aucune discussion avec les catégories socioprofessionnelles n’est possible, à partir du moment où nos interlocuteurs mettent en doute les termes du mémorandum, il n’y a aucun détail à revoir », telle est la ligne de Samaras. Et cette dernière porte ses fruits bien amers... certains syndicats représentant les techniciens des trolleybus athéniens ont décidé ce midi (28/01) l’interruption de leur grève, « pour ainsi permettre le dialogue (…) les autres syndicats de la branche devraient suivre dans cette voie » (Real-FM, 28/01). Métronomes alors des temps nouveaux.
Les moments « paisibles » où l’engagement syndical et militant pouvaient s’inscrire dans une myriade « d’actions calculées » c’est à dire en concertation, sinon en osmose, avec le système politique…encadrant est révolu. Appliquer « l’ordre et la loi » sans contrat social pouvait conduire jadis à la révolution comme on sait, j’ignore par contre où cette dynamique peut aboutir… à défaut de société (car en remodelage si violent), et dont le lien inhérent ne repose plus sur… les mêmes mesures, ni lois justement. Nos mutations ici sont déjà irréversibles ; le point de non retour est dépassé à mon avis, ce qui ne donne aucun gage « d’automaticité » quant aux capacités de réaction des acteurs sociaux, autrement dit, nous tous, alors comparses de la… nouvelle Grande guerre algorithmique. (...)
Mais au moins, une partie de la population du pays-cobaye, sent que la contrattaque n’aura rien à voir avec les « actions calculées » du temps de paix, sauf que personne n’est capable de prédire la prochaine nouveauté (d’ailleurs même pas certaine) avec exactitude.
En attendant, on bricole avec les moyens du bord à « l’ancienne » : Jeudi prochain et pour 48 heures, les marins seront en grève, ce même jour les agents de la Régie d’électricité ainsi que le personnel hospitalier cesseront le travail, de la même manière (Real-FM, 28/01). Certains syndicats agricoles (proches au Parti communiste) appellent enfin leurs adhérents « à se montrer » sur les routes nationales, positionnant leurs engins agricoles « aux points névralgiques », tandis que les responsables des autres syndicats paysans ont été reçus ce lundi par les chefs politiques des partis (Pasok, Gauche démocratique et Syriza). Dans l’après-midi déjà, les engins agricoles ont été stoppés « à temps » par les MAT (CRS), ceci explique peut-être cela.
C’est dans ce contexte de « consensus » qu’un… collectif d’organisations issues (d’après elles-mêmes) de l’univers anarchiste, a revendiqué la semaine dernière, l’attentat à l’explosif au centre commercial « Athens Mall ». (...)
Sans pouvoir certes, mesurer l’écho dans l’opinion des positions médiatisées des auteurs présumés de l’attentat au « Mall of Athens », on peut au moins comprendre sans trop de peine que la société grecque est entrée dans "l’âge des extrêmes", et ceci je dirais, de manière... authentique. (...)
« Ici aussi c’est dur. Certains enfants arrivent à l’école mal nourris, nous les enseignants, nous avons collecté de l’argent pour acheter du lait par exemple. J’achète les petites fournitures, crayons, stylos… pour mes élèves mais je ne m’estime pas trop malheureux, j’ai encore un salaire, d’autres n’ont rien. Ce qui me gêne par contre, c’est la façon suivant laquelle les relations sociales et interpersonnelles peuvent vite tourner à la petite mesquinerie. Avant-hier, j’ai offert un café à un ami chômeur ; résultat des courses, il m’a presque insulté : "Toi, espèce de c…, tu peux encore offrir un café aux autres parce tu as de l’argent et tu t’en sers pour nous humilier… va te faire f… ", voilà où nous en sommes ici, déjà que nos rapports sociaux ont souvent été tendus, mais pas à ce point… », témoigna mon ami S., instituteur à Trikala. (...)
La vie "post moderne" ici, perd alors parfois tout son lustre, la couche entière de son vernis publicitaire, toute sa suite événementielle entière dans le cinéma (je dirais presque du réel). Sauf qu’elle prend cependant de la hauteur, oui, de cette hauteur certes vide, comme celle de nos panneaux publicitaires sur l’autoroute l’autre jour. (...)