Un bateau avec quelque 500 personnes à son bord a disparu des radars pendant deux jours et demi en Méditerranée centrale. Plusieurs organisations se sont démenées pour retrouver les naufragés. La plateforme Alarm Phone, qui vient en aide aux migrants en mer, a finalement retrouvé le navire en Libye. Selon des proches des passagers, les exilés ont été récupérés par les garde-côtes libyens dans la zone maritime maltaise.
C’est l’histoire d’un bateau fantôme renvoyé en enfer. (...)
Dans un communiqué publié lundi 29 mai, Alarm phone et trois autres organisations humanitaires impliquées dans les recherches du navire (Emergency, Sea Watch et Mediterranea Saving Humans) retracent, heure par heure, l’histoire de ce refoulement. (...)
Ce n’est que vendredi matin, le 26 mai, qu’Alarm phone apprend par un proche de l’un des passagers du navire ce qu’il est arrivé : rejoint par les garde-côtes libyens, les 500 migrants ont été renvoyés en Libye et emprisonnés à Benghazi. (...)
Selon d’autres témoignages recueillis par Alarm phone auprès de proches, le bateau se serait retrouvé bloqué par les Maltais après être entré dans ses eaux territoriales. Il aurait ensuite été repoussé vers le large puis intercepté par la vedette libyenne qui approchait.
"Au lieu d’amener en lieu sûr des personnes qui avaient tenté d’échapper à l’extrême violence […], une autorité d’un État membre de l’Union européenne - à savoir le RCC Malte - a décidé d’organiser un refoulement massif par procuration en mer, forçant 500 personnes à parcourir 330 km pour se retrouver dans une prison libyenne", condamne Alarm phone dans son communiqué.
Refoulements en eaux maltaises
Cette opération de refoulement est loin d’être la première menée par les autorités maltaises (...)
Les autorités sont accusées de faire tout leur possible pour empêcher les bateaux d’entrer dans leur SAR zone [zone de recherche et de sauvetage] conformément à un protocole d’accord entre La Valette et Tripoli, signé en mai 2020", rappelait l’ECRE. À la place, Malte laisse carte blanche aux garde-côtes libyens pour s’occuper des interceptions des canots d’exilés, en dépit des conditions de vie intolérables pour les migrants renvoyés vers Tripoli. (...)