
Pour ce pédopsychiatre, professeur émérite à l’université d’Aix-Marseille, le livre peut être un médicament.
MARCEL RUFO. C’est évident. Le livre peut être un médicament. Quand on se plonge dans un roman, on vit un plaisir intérieur, un cheminement psychique. Il permet au dépressif, qui n’arrive plus à rêver, de retrouver un élan vital. L’imaginaire reprend alors ses droits. Prescrire un ouvrage à un malade est une excellente idée. Je crois qu’il est aussi très utile dans le traitement de l’addiction. Quand on est abruti par un produit, on cherche à ne plus penser, à annuler le temps qui passe. Un ouvrage nous sort du quotidien pour aller vers l’extraordinaire. On suit un héros qui doit braver des obstacles. Le patient se compare à lui, s’identifie et avance. Dans la littérature, on cherche sa propre histoire. (...)
Mais comment initier les jeunes à la lecture ?
Il suffit de leur tendre un bouquin ! On pense qu’ils ne s’y intéressent pas, c’est faux ! Dans Le Passage, l’unité de soins pour adolescents que je dirige à Marseille, on leur donne des livres à lire et deux fois par semaine, ils vont aussi à la bibliothèque municipale. (...)
J’ai été soigné par des livres de psychanalyse de Winnicott, Spitz ou Bettelheim. Ils m’ont marqué et guéri. « Le Baron perché » de Calvino m’a ramené à mes racines en Ligurie. Grâce à Le Clézio, je suis allé sur l’île Rodrigues, près de l’île Maurice pour découvrir les paysages dont il parlait. Le livre, c’est un compagnon qui vous questionne et vous emmène en voyage.