
Après avoir traversé l’Atlantique puis le Pacifique à la rame, Maud s’est amourachée des océans qu’il faut préserver, et du capitalisme qu’il faut protéger des rétrogrades écolos dogmatiques. Délaissant la Grande Bleue pour les plateaux radio et télé, elle est allée défendre sa cause et ses nombreux bouquins par monts et par vaux : vive l’écologie… mais au service de la croissance, de l’industrie, du travail, de la science, du progrès !
Comme si cela ne suffisait pas, Maud Fontenoy a monté une fondation qui porte intelligemment son propre nom et qui est généreusement soutenue par toute une palanquée d’amoureux des hommes et de la nature : Carrefour, EDF, Orange, Bolloré ou encore la Marine nationale… Cette Maud Fontenoy Fondation se donne pour mission d’apprendre aux écoliers comment sauver la planète et les océans sans nuire à la croissance et à la marche glorieuse du progrès grâce aux petits gestes écolos du quotidien : « Moins laver sa voiture », « Utiliser l’eau de pluie pour arroser son jardin », « Moins prendre de bains ». Tout cela à l’aide de jolis « kits pédagogiques » écolo-citoyens que le ministère de l’Éducation nationale encourage à compulser en classe.
Du pain bénit pour les collègues du mensuel La Décroissance qui se sont fait un malin plaisir de tailler une combi de plongée pour Maud dans leur numéro de mai dernier : « Maud Fontenoy, le sous-marin (vert) du capitalisme ». Et reporterre.net, sous le titre éloquent « Maud Fontenoy, l’imposture écologiste » se fait jeu de souligner les liens entre sa fondation et le patronat, François Pinault en tête, qui en est l’un des trois directeurs. Acrimed, de son côté, se gausse de l’attitude servile des médias dominants envers la prétendue experte de l’économie écologique. Didier Porte, sur le site de « Là-bas si j’y suis », le 24 février dernier, s’est amusé à piétiner toutes les convictions de la navigatrice… En même temps, dire que « le gaz de schiste est devenu un atout écologique » (Le Parisien, 30/01/14), c’est un peu gonflé. Même la tête à claques Aymeric Caron de la télé (« On n’est pas couché », 12 avril 2014) s’est fait un malin plaisir de renvoyer madame à ses contradictions. Maud défend le nucléaire parce que ça fait des emplois ? Aymeric lui envoie à la gueule Fukushima. Et boum ! Remarquez qu’elle s’en fout un peu : elle vit la plupart du temps à Tahiti où les centrales nucléaires sont rares, et elle est bien soulagée que le gaz de schiste n’arrive pas à Papeete… (...)