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Mai 68, une histoire participative
LES CARNETS LIBRES D’EDWY PLENEL
Article mis en ligne le 22 mai 2018
dernière modification le 21 mai 2018

(...) Mai-Juin 68 met au défi le journaliste aussi bien que l’historien. Que ce qui fut, tout à la fois, le premier surgissement de la jeunesse comme acteur politique, la plus grande grève ouvrière de notre histoire et un ébranlement général, multiforme et multidimensionnel, de la société soit souvent résumé comme « les événements » ne tient pas du hasard. C’est en effet un condensé de ce que le sociologue Edgar Morin nommera, quatre ans plus tard, dans la revue Communications[1], « l’événement-sphynx », autrement dit une énigme inépuisable.

Voici un fait d’histoire qui ne pourra jamais se réduire à sa chronologie, à ses acteurs institutionnels – syndicats, partis, gouvernement, opposition, etc. –, et qui ne peut non plus se mesurer à la seule aune de ses revendications et de ses conquêtes, de ses résultats ou de ses échecs. « L’événement est à la limite où le rationnel et le réel communiquent et se séparent. Mais c’est bien dans ces terres limites que se posent les problèmes du singulier, de l’individuel, du nouveau, de l’aléatoire, de la création, de l’histoire… », écrivait Morin en 1972, célébrant ce surgissement du risque et de l’inconnu, de l’accident et du hasard, qui oblige à faire émerger une science inédite « dans un no man’s land entre plusieurs disciplines ».
L’histoire de 68 ne peut être que kaléidoscopique. (...)

La façon de raconter les événements est donc un enjeu politique où se joue la relation d’empathie ou de rejet d’un passé toujours empli d’à présent.(...)

Voici donc une histoire participative de Mai 68. Un appel lancé au seuil de l’été 2017 par les Éditions de l’Atelier et Mediapart, dans son Club participatif, où contribuent ses abonnés et dont les contenus sont en accès libre, a suffi pour collecter en quelques mois une myriade de témoignages, de récits et de documents[3]. Que cette collecte ait été permise par les outils de la révolution numérique en illustre les potentialités démocratiques, d’échange et de partage, sans privilèges ni frontières. Comme si ce cinquantenaire nous rappelait ainsi qu’il n’y pas de fatalité à l’abaissement d’un révolution technologique dans les servitudes étatiques ou marchandes, à sa confiscation par les États qui surveillent et les financiers qui spéculent(...)

Une histoire en forme de promesse : « Ce n’est qu’un début, continuons le combat… »