Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Infomigrants
"Ma cousine a été arrêtée" : l’angoisse des réfugiés afghans pour leurs familles restées au pays
Article mis en ligne le 15 août 2022

Shoukria, Bibitabo et Nooagha sont des Afghans réfugiés en France. S’ils se sentent aujourd’hui en sécurité, leur inquiétude pour leurs proches restés en Afghanistan est intacte. Un an après la chute de Kaboul, les Taliban font régner la terreur dans le pays. Les femmes sont les premières victimes de la doctrine ultra rigoriste qu’ils imposent.

Pour Shoukria, le 15 août 2021 est "un jour noir". Pour cette enseignante de 25 ans, cette date signe le début d’une nouvelle ère : celle d’une vie coincée chez elle, dans son appartement de Kaboul. "J’étais profondément triste car j’adorais mon travail et mes élèves à l’école. Mais surtout j’avais peur. Sans salaire, comment est-ce que j’allais faire pour m’occuper de ma petite fille de 6 ans ?".

Très rapidement après ce jour-là, les Taliban ont imposé de sévères restrictions à la population. Parmi elles, l’interdiction pour les femmes d’exercer un emploi dans le secteur public, à l’instar de Shoukria.

Après deux tentatives infructueuses de quitter le pays par l’aéroport de Kaboul, la jeune femme a réussi à prendre la fuite en bus pour l’Iran, un mois plus tard. Son mari étant installé en France, Shoukria a pu gagner Paris en février 2022, via la procédure de la réunification familiale. Si elle se sent en sécurité aujourd’hui, l’ancienne professeure reste très anxieuse. Car depuis leur prise de pouvoir il y a un an, les Taliban, bien que désireux de se faire bien voir de la communauté internationale, s’évertuent à appliquer leur doctrine ultra rigoriste. Ainsi, toute voix qu’ils considèrent dissidente est menacée. (...)

Bibitabo, âgée de 63 ans, ne peut retenir ses larmes à l’évocation de sa fille de 30 ans qui vit encore en Afghanistan. "J’ai des nouvelles régulièrement, mais j’ai vraiment peur pour elle" (...)

Une étudiante à l’université a raconté à Amnesty International avoir été arrêtée dans la rue, alors qu’elle était seule. "[Les Taliban] ont commencé à m’administrer des décharges électriques […] sur les épaules, le visage, le cou, partout où ils pouvaient […] Ils me traitaient de prostituée [et] de garce […] Celui qui tenait le pistolet a dit ‘Je vais te tuer et personne ne pourra retrouver ton corps’". (...)

Mais ce que redoute aussi Bibitabo, c’est l’extrême pauvreté dans laquelle est plongé le pays, et qui s’est intensifiée depuis la prise de pouvoir des Taliban. D’après Handicap International, près de 19 millions de personnes en Afghanistan - soit près de la moitié de la population - étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë entre juin et novembre 2021, et 1,1 millions d’enfants souffrent de malnutrition.

Toujours selon l’ONG, 90 % de la population vit actuellement sous le seuil de pauvreté, fixé à 1,9 dollars par jour. (...)