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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
MSF se retire du Sommet humanitaire mondial
Article mis en ligne le 6 mai 2016

Selon les Nations Unies, quelque 6 000 personnes devraient participer à la conférence humanitaire historique qui se tiendra à Istanbul à la fin du mois. Mais un participant important vient de jeter l’éponge.

L’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé aujourd’hui qu’elle ne participerait pas au Sommet humanitaire mondial. C’est « avec une grande déception » que MSF a déclaré qu’elle ne serait pas présente à la conférence, après des mois de discussions préparatoires. MSF craint que les principaux responsables de la forte augmentation des besoins humanitaires – les gouvernements – ne soient épargnés lors de la conférence. Le sommet a fait fausse route et « n’offre plus qu’un simulacre de bonnes intentions », selon MSF.

Herve Verhoosel, porte-parole d’OCHA, l’agence de coordination de l’aide d’urgence des Nations Unies, a dit à IRIN que cette décision était « décevante », car MSF a « une voix forte et crédible ».

Vickie Hawkins, directrice générale de MSF au Royaume-Uni, a dit à IRIN : « Cela ne veut pas dire que MSF se désengage du système international ». Elle a affirmé que MSF continuerait de participer à de nombreux forums internationaux, du Conseil de sécurité des Nations Unies au G7. Mais elle soutient que « la composante humanitaire du Sommet humanitaire mondial souffre d’un manque d’orientation ».

Un analyste principal en politique humanitaire qui a demandé à garder l’anonymat a dit à IRIN que le sommet suscitait « beaucoup de scepticisme », et que le retrait de MSF – une « boussole morale » – remettait d’autant plus en question l’utilité de l’événement. (...)

Selon MSF, la capacité opérationnelle de réponse aux situations d’urgence est insuffisante, notamment dans les situations de conflit et d’épidémie, et le versement des financements des bailleurs obéit trop souvent à des considérations politiques et sécuritaires. Evoquant l’épidémie d’Ebola, la situation au Soudan du Sud et en République centrafricaine, Mme Hawkins a parlé « d’un véritable échec du système humanitaire… Nous pensons que le SHM n’abordera pas ces questions ».

Principes humanitaires

Selon MSF, le sommet n’aborde pas la problématique du mécanisme de réponse, y compris la réforme des Nations Unies, et, tout comme le principal document de référence des Nations Unies, il menace « de dissoudre l’assistance humanitaire dans des programmes plus vastes de développement, de construction de la paix et des programmes politiques ». (...)

Mme Hawkins a dit que « l’utilisation abondante » du terme humanitaire n’a été d’aucune aide. Elle a affirmé qu’il y avait une tension inhérente entre la nature politique du développement et les impératifs humanitaires, et qu’il faudrait les séparer. (...)

MSF pense que l’appel à l’engagement lancé à tous les participants, des petites ONG aux superpuissances, met « tout le monde sur le même plan » et ne prend pas en compte les responsabilités spécifiques des Etats en matière de respect et de mise en œuvre du droit humanitaire international.

Ce sommet, le premier en son genre, débutera le 23 mai, après trois années de consultations. Il arrive à un moment où l’on enregistre des besoins humanitaires extrêmement élevés, de très graves violations du droit international humanitaire, et à un moment où beaucoup s’accordent à dire que les systèmes et le financement de l’aide d’urgence ont besoin de profondes réformes. (...)