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l’Humanité
Loi Rist : « Ils sont en train de flinguer l’hôpital public »
#hopitalpublic #sante
Article mis en ligne le 4 mai 2023
dernière modification le 3 mai 2023

À la suite du plafonnement des tarifs de l’intérim médical, de nombreux services hospitaliers ont vu leurs difficultés accrues par le départ de ces blouses blanches. Enquête.

L’effondrement continue. Un mois après le décret d’application de l’article 33 de la loi Rist, le 3 avril, plafonnant le tarif de l’intérim médical à 1 390 euros pour 24 heures, les alarmes se multiplient. (...)

Selon le Syndicat national des médecins hospitaliers remplaçants (SNMHR), au 23 avril, 214 structures de soins et plus de 365 services étaient concernés par de grandes difficultés, des perturbations de fonctionnement ou des fermetures.

« C’est dramatique ! » lance Éric Réboli, urgentiste et président du SNMHR, précisant que « de nombreux intérimaires refusent toujours de travailler à ces conditions tarifaires ».

« On en bave comme des chiens »

Robert (1), anesthésiste intérimaire, après une longue carrière de praticien à l’hôpital public, ne compte effectivement pas ressortir la blouse du placard : « Si j’avais vraiment voulu faire de l’argent, je serais allé dans le privé. L’intérim ne devrait pas exister, mais si ce phénomène a augmenté depuis dix ans, c’est bien à cause des conditions de travail dégradées. On en bave comme des chiens. »

Si des dérives salariales minoritaires ont existé, Robert assure ne jamais avoir vu les prix prohibitifs brandis par le ministre de la santé, François Braun, stigmatisant des « mercenaires » touchant 4 000 euros pour 24 heures de garde. (...)

Faute de bras, certains hôpitaux en viennent à contourner la loi. À leurs risques et périls. « Nous savons que des centres hospitaliers paient les intérimaires au même niveau qu’avant en rajoutant, par exemple, des heures supplémentaires bidon et des astreintes fictives, assure Éric Réboli. (...)

Face à l’urgence, le SNMHR a déposé un recours devant le Conseil d’État pour faire annuler cette mesure. L’audience aura lieu ce 2 mai. (...)

À Feurs, les urgences passent à la trappe (...)

Ça a été violent », explique la médecin, actuellement en arrêt maladie comme d’autres collègues. « Nous étions une équipe soudée qui fonctionnait depuis dix ans avec cinq intérimaires. Ils étaient fidélisés et ne passaient plus par des agences d’intérim. Je les appelais deux mois avant pour faire mon planning. On leur laissait sans problème les clés du service. »

Malgré cette organisation rodée, la direction a invoqué la loi Rist pour justifier la fermeture et le transfert de la plupart des 44 personnels des urgences vers celles de Montbrison.

Pourtant, des solutions existaient (...)

Depuis la fusion entre les deux hôpitaux, en 2013, Feurs avait déjà perdu sa maternité et sa chirurgie. Cette décision s’inscrit dans la continuité du démantèlement, selon la médecin. (...)

À Avranches, inquiétudes à l’approche de l’été

Du 21 au 23 avril, les jeunes patients ont trouvé porte close aux services des urgences pédiatriques, de pédiatrie et de néonatalogie du centre hospitalier d’Avranches (Manche). Aux urgences adultes, l’accès est de nouveau régulé en appelant le 15 et la ligne du Smur supprimée.

Dans la ville comme dans tout le département, la loi Rist a fait fuir les intérimaires et contribue à réduire l’offre de soins. (...)

Au CHU de Grenoble, craquage à tous les étages (...)

Avec 142 passages par 24 heures et 70 à 90 patients présents en même temps aux urgences – alors que celles-ci sont calibrées pour en accueillir 55 –, la fréquentation a bondi depuis la fermeture de deux autres services sur le territoire.

Avec 50 % des postes d’urgentistes vacants et le départ de 10 intérimaires, « nous n’arrivons même pas à atteindre le service public minimal aujourd’hui, avance le Dr Marc Blancher, chef de service. Si les problèmes ne sont pas réglés d’ici à la fin du mois, le service va tomber. » (...)

vec 142 passages par 24 heures et 70 à 90 patients présents en même temps aux urgences – alors que celles-ci sont calibrées pour en accueillir 55 –, la fréquentation a bondi depuis la fermeture de deux autres services sur le territoire.

Avec 50 % des postes d’urgentistes vacants et le départ de 10 intérimaires, « nous n’arrivons même pas à atteindre le service public minimal aujourd’hui, avance le Dr Marc Blancher, chef de service. Si les problèmes ne sont pas réglés d’ici à la fin du mois, le service va tomber. » (...)

les syndicats CGT, SUD et le SNMH-FO avaient adressé, début avril, un signalement pour « mise en danger de la vie d’autrui », classé sans suite par le parquet de Grenoble. Selon Cyrille Venet, anesthésiste-réanimateur au CHU (sur le site de Voiron) et secrétaire général du SNMH-FO, « l’aggravation semble inexorable. Imposer cette limitation de l’intérim maintenant, c’est mettre la charrue avant les bœufs ».

Au-delà des effets de cette loi, tous les étages de l’hôpital continuent de craquer. À la suite de l’arrêt maladie de six infirmières spécialisées, un bloc opératoire de pédiatrie du CHU est fermé jusqu’à fin mai, reportant 467 opérations.