
L’heure de vérité approche. Le 5 décembre, les ministres des finances européens doivent définitivement adopter une liste des paradis fiscaux, à laquelle leurs experts travaillent depuis plus d’un an au sein du très opaque « groupe code de conduite » (Le Monde du 23 novembre).
Craignant que les politiques, malgré les retentissantes révélations des « Paradise Papers » ne tentent pour des raisons diplomatiques de protéger certaines juridictions, Oxfam fait monter la pression. Mardi 28 novembre, l’ONG de lutte contre la pauvreté a publié sa propre liste contenant 35 pays hors de l’Union qui, estime-t-elle, devraient être considérés comme des paradis fiscaux au regard des critères européens, si l’UE les appliquait « de manière objective », « sans céder à la pression politique ».
(...) Pour Oxfam, l’Albanie, les Bahamas, les Bermudes, la Bosnie-Herzégovine, les Emirats arabes unis, Gibraltar, Hongkong, l’île Maurice, Jersey, la Nouvelle-Calédonie, la Suisse, Singapour ou Taïwan sont à considérer comme des paradis fiscaux. L’ONG va plus loin en réclamant que l’Irlande, le Luxembourg, Malte et les Pays-Bas, quatre pays de l’Union, soient aussi mis à l’index. C’est totalement exclu par les Européens qui partent du principe que ces Etats sont d’ores et déjà censés obéir aux lois communautaires, devenues plus restrictives en matière d’optimisation fiscale ces dernières années.
« Sanctions dissuasives »
Oxfam n’est pas seule à craindre de petits arrangements politiques entre capitales européennes. La crédibilité des Etats membres « sera testée par cette première liste européenne des paradis fiscaux. Et pour que cette liste soit crédible, elle doit être ambitieuse et rapidement assortie de sanctions dissuasives », prévenait Pierre Moscovici, le commissaire à l’économie et à la fiscalité ces derniers jours. (...)
rien n’indique que les ministres seront prêts à adopter des sanctions coordonnées au niveau européen et vraiment dissuasives pour les pays figurant sur la liste noire (comme l’interdiction de déduire des bases fiscales les flux qui vont vers les pays de la liste). Le Luxembourg, Malte et l’Irlande s’opposaient même carrément à toute sanction ces derniers jours : le seul fait de figurer sur la liste suffirait amplement, estimaient-ils…