
Construites par RTE, filiale d’EDF, de plus en plus de lignes à haute et très haute tension fleurissent partout en France. L’exaspération se fait sentir chez les quelque 375 000 personnes qui vivent à proximité de ces lignes, les opposants dénonçant des projets surdimensionnés et des risques sanitaires.
“RTE dégage de notre paysage” ! Le mot d’ordre des manifestants aveyronnais, qui défilaient le 21 mars contre un projet de “méga-transformateur” électrique initié par Réseau transport électricité de France, filiale d’EDF, pourrait être repris en chœur un peu partout dans l’Hexagone. Les 100.000 kilomètres de lignes à haute et très haute tension qui permettent de transporter l’énergie avec moins de pertes sur de très grandes distances, font grincer des dents. En 2010, 375 000 personnes vivaient à proximité d’une de ces lignes, selon RTE. Nord, Manche, Aveyron, Aude, Pyrénées, Hautes-Alpes… L’exaspération se fait sentir.
La vague de contestation, née dans la Manche à la fin des années 2000 autour de la ligne THT qui relie la centrale nucléaire de Flamanville à la Mayenne, s’est étendue. A l’époque, cette ligne Cotentin-Maine de 400 000 volts, traversant 64 communes, avait provoqué la colère d’élus et associatifs qui avaient déposé - le plus souvent en vain - des dizaines de recours en justice. Après sa mise en service en 2013, c’est désormais la ligne FAB, dont l’objectif est de relier la France et l’Angleterre par voie sous-marine, qui inquiète les habitants de la Manche. L’objectif de RTE est simple : augmenter la capacité d’échanges entre les deux pays d’ici 2022.
Un réseau pour “valoriser les énergies renouvelables”
Le service de presse de l’entreprise fait valoir un réseau qui permet “d’intégrer et de valoriser les énergies renouvelables, produites dans des zones éloignées des zones de consommation” et “de lisser, à l’échelle européenne, la variabilité des énergies renouvelables” afin d’accroître leur valeur (...)
Lutter contre le “business de l’électricité”
Les manifestants, qui ont l’impression qu’on leur force la main, veulent des alternatives. Une ligne enfouie sous terre “coûterait environ 10 % plus cher, admet Patrick Baronna, mais au vu des pertes, des pannes et de l’entretien, cela serait beaucoup plus intéressant sur le long terme”. Pas de défiguration du paysage et un champ magnétique fortement atténué sur la distance, à condition que le câble électrique soit enterré suffisamment profond.
Une mesure adoptée par RTE sur la ligne France-Espagne, initialement conçue comme aérienne, après une longue opposition des riverains et des écologistes dans les Pyrénées-Orientales. Dans la Manche, les opposants de Montabot, continuent quant à eux de revendiquer l’éradication des lignes THT et dénoncent le “passage en force de RTE et de l’État” et le “business de l’électricité”. “Elle est fabriquée ici, mais nous n’en profitons pas. Pourtant, c’est nous qui devons faire avec les lignes et les transformateurs”, explique l’un d’eux. (...)