
À trois jours de la suppression du train de fret Perpignan-Rungis, qui sera bientôt remplacé par 25.000 camions, des personnalités issues de diverses familles de la gauche exigent « la fin du modèle tout routier, qui épuise les salariés et détruit les ressources de notre planète ». Elles appellent à rallier massivement le rassemblement de la CGT-Cheminots le jeudi 31 octobre à Rungis.
Alors que des milliers de jeunes se mobilisent partout dans le monde pour exiger d’autres choix de politiques climatiques et sociales, que les rapports des scientifiques sont de plus en plus alarmants, l’État français s’apprête à mettre fin au dernier train de fruits et légumes du pays pour le remplacer par 25.000 camions !
La mise à mort est annoncée pour le 1er novembre.
La suppression du train Perpignan-Rungis, c’est le symbole de l’écologie version Emmanuel Macron. Beaucoup de mots mais peu d’actes. Depuis plus d’un an, une large mobilisation, syndicale, politique et citoyenne, s’est construite autour de la défense de ce train, révélant au grand jour la stratégie de casse organisée par le gouvernement et la direction de la SNCF. (...)
la désormais nouvelle ministre de l’Écologie, a réaffirmé que le gouvernement « travaille avec les transporteurs ferroviaires, la SNCF voire d’autres s’ils sont plus volontaires » afin « que ce train redémarre dès la saison haute, c’est-à-dire au mois de novembre ». C’est un nouveau mensonge !
En effet, nous avons appris il y a 15 jours, par la voix du directeur de Fret SNCF, que la SNCF ne souhaitait plus assurer cette liaison. Un désengagement pur et simple qui sonne comme l’aboutissement de 10 ans de sabotage. En parallèle, pour être certains que le train des primeurs ne redémarre pas, Guillaume Pepy, fossoyeur en chef, a organisé au cœur de l’été le transfert des wagons frigorifiques sur le triage de Nîmes, connu pour être « un cimetière ». Certains sont même partis à la casse alors même que la SNCF s’était engagée en juillet dernier, devant la ministre des transports, à réaliser un audit de l’ensemble du parc pour engager les opérations de maintenance nécessaires à la reprise du trafic au 1er novembre. Quant aux chargeurs, Roca et REY, ils ont désormais déserté les quais de la gare Saint Charles depuis plusieurs semaines et passent par la route.
Derrière la bataille du train des primeurs, se pose la question du fret ferroviaire en France. (...)
nous avons actuellement moins de 10% de marchandises transportées par rail contre 24% avant l’ouverture à la concurrence. Face à l’urgence écologique, il faut des choix forts, des choix de ruptures. La France doit, sans attendre, engager une grande politique publique de transport de marchandises, qui repose sur un réseau ferré au maillage fin, permettant d’irriguer les territoires, tout en répondant aux besoins des entreprises et des citoyens.
Toujours prompt à citer le fameux « modèle allemand » pour réduire le droit des chômeurs ou précariser le monde du travail, Emmanuel Macron est bien silencieux quand il s’agit de parler de fret ferroviaire. (...)
Emmanuel Macron a beau se draper de ses habits de « super héros vert » pour dénoncer les incendies en Amazonie, la fonte des glaciers et la montée des océans, il ne trompe personne. Quelle crédibilité accorder à un président de la République qui multiplie les leçons, invite la jeunesse à manifester en Pologne mais laisse mourir un train dont la suppression va engendrer 44 tonnes de CO2 supplémentaires dans l’air chaque jour ?
La Pologne, sans l’exonérer de ses responsabilités à l’échelle européenne, n’empêche pas notre gouvernement de maintenir cette liaison ferroviaire, de suspendre les importations d’huile de palme accordées à Total ou de mettre fin aux exonérations fiscales sur les énergies fossiles.
Plutôt que de poursuivre en justice les décrocheurs de portraits du président de la République, de gazer les manifestants pour le climat, d’autoriser les licenciements de syndicalistes ou encore de vendre la gare du nord à Auchan, le gouvernement ferait mieux d’engager une politique écologique !
L’action contre le climat, plus encore que l’inaction climatique, est une politique qui met en grave danger la sûreté de la planète.
L’horloge tourne et la planète brûle. Nous ne pouvons plus regarder ailleurs, faire comme si de rien n’était. (...)
Nous, militant-e-s politiques, syndicaux, écologistes et associatifs accusons l’État de persister dans une politique écocidaire en refusant d’agir pour le climat.
Nous appelons à participer massivement au rassemblement organisé par la CGT-Cheminots le jeudi 31 octobre à 14 heures sur le site de Rungis. (...)