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Lettre ouverte des grévistes aux habitantes et aux habitants des 15 communes gérées par le SIVOM de Varennes Jarcy + pétition
#sivom #eboueurs #greves #retraites #mobilisations
Article mis en ligne le 23 avril 2023

Madame, Monsieur,

Nous travaillons pour le SIVOM de Varenne Jarcy. C’est un établissement public géré par des élu.es d’une quinzaine de communes. Le président du SIVOM est Guy Geoffroy, maire de Combs-la-Ville.

Chaque jour, nous nous occupons de la collecte et du traitement des déchets ménagers, de la collecte et du traitement des encombrants, du nettoiement des voies et des espaces publics, des déchets verts, du déneigement.

Avec vos impôts, vous financez l’activité du SIVOM et les salarié.es qui y travaillent. Vous êtes nos premiers employeurs. C’est pourquoi nous vous écrivons cette lettre ouverte. Nous sommes en grève depuis le 30 mars et nous avons besoin de votre soutien. Voici le contexte et nos revendications.

Travailler au SIVOM

Les métiers : Nous sommes environ 200 salarié.es, dont 30 CDD, dans 5 secteurs : déchèterie, collecte, garage, propreté urbaine, bureaux. Le personnel technique se compose des chauffeurs, ripeurs, contrôleurs, conducteurs et conductrices d’engins, service propreté.

Le statut : Il y a deux statuts : privé et fonctionnaire. Le SIVOM a recruté des fonctionnaires jusqu’en 2007. Depuis c’est du recrutement privé. Les agents en CDD sont recrutés sous statut public pour ne pas payer des primes (transport, 13e mois…), puis remerciés sans passage en CDI.

Les missions : Dans la déchèterie, la mission consiste à recevoir et à trier les bennes en location et les déchets qui arrivent sur la plateforme. On trie les déchets avec des pelles ou à la main. Les déchets sont ensuite revendus dans différents services : méthaniseur, recyclable, incinérateur. Le reste va à l’enfouissement.

La collecte : il y a deux postes : matin (5h- 12h30) et après midi (11h - 18h30). Sur une collecte, on compte environs 13/ 17 tonnes de déchets issus des bâtiments, et 10 tonnes pour le porte-à-porte. Au service propreté, on effectue le balayage et le nettoiement. Le service déchets verts ferme 3 mois dans l’année, c’est pourquoi la Direction utilise des CDD qu’elle n’embauche pas.

Un travail pénible et dangereux

Les déchets : Nous respirons la poussière, parfois des émanations de gaz qui donnent mal à la tête. Il arrive que nous ayons à traiter l’amiante ou d’autres matières dangereuses. On risque un cancer à la retraite à cause de tout ça. La Direction tente de faire des économies sur les gants pour les agents de la collecte.

La posture : Les collecteurs portent des charges lourdes. La plupart ont des hernies discales, des tendinites, des problèmes de genou parce que monter et descendre sur le marche pied, ça use la santé. Pour les chauffeurs, les camions vétustes rendent la conduite plus difficile. Les agentes et les agents de la déchèterie sont tout le temps debout.

La formation : La formation gestes et postures n’est pas adaptée. C’est juste une vidéo. Les nouveaux apprennent sur le tas. Il faut un formateur expérimenté pour enseigner à ne pas se faire mal.

Arrêts et accidents du travail : Une formation insuffisante, des équipements vétustes, un travail usant, la pression de la Direction, tout cela favorise les maladies et les accidents du travail.

Les équipements (...)

Travailler plus pour gagner moins (...)

On a perdu 85 euros par mois. L’indice est passé de 115 à 104. Le 5 du mois on est tous dans le rouge. Comment vivre et élever les enfants ? Après 20 ans, on ne touche pas 1800 euros. C’est pour ça qu’on demande 9% d’augmentation.

Jouer sur les statuts pour payer moins (...)

Travailler toujours plus : 5 tournées ont été supprimées depuis 2018. Il est prévu d’en supprimer une autre en juin prochain. Pour les bacs jaunes, on a donné deux poubelles par maison pour passer tous les 15 jours au lieu d’une fois par semaine. Cette gestion dégrade le service aux habitants. Cela augmente le tonnage de déchets à ramasser et l’amplitude de travail alors qu’on ne voit pas la couleur d’un billet. La Direction rajoute toujours du travail. A un moment il faut que ça s’arrête.

Un deuxième travail : Comme on n’arrive pas à vivre, beaucoup sont obligé.es de prendre un deuxième travail ou font des heures supplémentaires. La Direction veut nous faire faire une deuxième tournée dans la journée, mais ce n’est pas possible jusque 64 ans (...)

La retraite : On n’a pas un salaire convenant : toute la vie, précaire au travail, et avec la réforme, précaire à la retraite ? Travailler jusque 64 ans ce n’est pas possible. On a mal aux épaules, on veut vivre un peu. Sinon on est morts.

Où va l’argent ?

Chaque année, la Direction du SIVOM présente un budget à l’équilibre. Elle nous explique qu’en tant qu’établissement public, elle ne peut pas partager les bénéfices. Guy Geoffroy, le président, a raconté sur Facebook que si le SIVOM augmente nos salaires, ils seront obligés d’augmenter la taxe d’ordures ménagères. Pourtant, la taxe a augmenté de 7% l’année dernière, et pas nos salaires. Où va l’argent ?

Dans les bureaux, les chefs, les adjoints aux chefs, les voitures de fonction se multiplient. Pourquoi autant de chefs s’il faut faire des économies ? (...)

La grève

Depuis plusieurs années, la Direction nous met la pression et méprise nos demandes. Certains délégués du CSE étaient du côté de la Direction et ne transmettaient pas nos besoins. D’autres délégués qui appuyaient nos demandes ont été licenciés. Un collègue est encore aux prud’hommes.

Comme nous voulions avoir des délégués au CSE, et que nous en avions assez des licenciements et des pressions des chefs, nous avons fondé cet automne une nouvelle section syndicale, en secret.

Le 30 mars dernier, à l’appel des organisations syndicales, nous avons arrêté le travail et installé un piquet devant l’entrée du SIVOM. Nos revendications : salaires, matériel, retraites et respect. 80% du personnel technique s’est mis en grève, soit 25 % du personnel total.

Nous n’avons pas bloqué notre propre site, et les soutiens n’étaient pas assez nombreux pour faire un blocage. L’activité du SIVOM a continué malgré la grève avec les non grévistes.

Nous nous retrouvons tous les matins à 5h sur le piquet. Vers midi, l’AG décide à main levée de la reconduction de la grève. C’est notre première grève reconductible.

Le 11 avril dernier, les délégués ont été reçus par une partie de la Direction qui nous a dit qu’il n’y avait plus d’argent, mais nous sommes déterminé.es. Des habitant.es, des élu.es, des renforts nous soutiennent un peu plus chaque jour. Nous nous rassemblons devant les mairies et sur les marchés. Nous avons monté une caisse de grève.

Ils essaient de casser la grève

Atteintes au droit du travail (...)

Répression : Sur Facebook le 3 avril, Guy Geoffroy a rappelé qu’il était « en relation directe et immédiate avec le préfet de l’Essonne ». Nous n’avons pas fait violence aux non grévistes. Pourtant nous avons reçu la visite des agents territoriaux et de la police.

Vandalisme : Lundi 17 avril nous avons découvert que le site avait été vandalisé (...)

Et maintenant ?

Nous demandons votre soutien. Les élu.es du SIVOM restent sourds à nos demandes alors que nous fournissons un service essentiel à la communauté.

Ensemble, exigeons :

 L’accès aux comptes du SIVOM pour savoir où va l’argent

 L’augmentation de 9% du salaire des agentes et des agents

 Le respect du droit du travail : fin des embauches pendant les grèves, du remplacement des grévistes par du personnel non qualifié sur le poste, des doubles ou triples tournées interdites par le code du travail, de la mise en danger des salarié.es pour cause de fatigue ou de formation insuffisante, des CDD renouvelés chaque année

 Des équipements en bon état, des camions changés au bout de 5 ans, qui ne mettent pas en danger les agents

 Des formations utiles aux salarié.es, par du personnel compétent

 La reconnaissance de la pénibilité : retraite à 60 ans, retour de la prime de pénibilité, suivi de santé, commission hygiène et sécurité

 La prise en compte des contraintes personnelles et familiales des agents : arrêt des modifications des lieux et des horaires sans concertation, arrêt des dates de vacances imposées

 La fin du mépris, fin des licenciements

 Pas d’accusation de vandalisme

 Une meilleure estime pour notre profession

Nous travaillons pour le SIVOM, mais nous sommes aussi des habitantes et des habitants du secteur, comme vous. Votre soutien est essentiel pour améliorer les services rendus à la population et améliorer nos conditions de vie et de travail.

Varennes Jarcy, le 19 avril 2023

Lien vers la caisse de grève : https://www.cotizup.com/eboueurs-sivom