
Le 23 février dernier, Nicolas Sarkozy a annoncé à Lille : « Je veux être le porte-parole de cette France qui vit de son travail. En 2007, j’avais choisi le travail, je n’ai pas changé d’avis. »
Depuis qu’il est entré en campagne, on ne sait pas ce qui est le plus admirable chez le président-candidat. Son audace à proclamer des intentions contraires à tout ce qui constitue le bilan de sa présidence ?
Sa capacité à conduire en 2012 une campagne identique à celle d’il y a cinq ans, laquelle s’inspira largement de celle de George W. Bush en 2004 ? A l’époque, la plupart des commentateurs ne donnaient pas cher des chances de réélection du président américain. On comprend que ce précédent encourage et inspire M. Sarkozy dont presque chacun suppute que, dans trois mois, il ne sera plus à l’Elysée.
M. Sarkozy l’a promis : il ne retournera pas au Fouquet’s. Il fait comme si le problème avait été son choix de restaurant davantage que celui de ses convives, patrons du CAC-40, directeurs de journaux, vedettes de variété obsédées par le montant de leur impôt, empereurs de la télévision-poubelle, affairistes... Là, il jure que c’est terminé : « Il y a une infime minorité qui a beaucoup choqué les Français en faisant vraiment n’importe quoi. (…) Il y a un sentiment d’injustice. »
Le président-candidat, qui pendant cinq ans a guerroyé contre « l’assistanat » en déclinant toutes les techniques de l’art d’ignorer et de stigmatiser les pauvres, afin surtout de les opposer entre eux, interdira « purement et simplement » (s’il est réélu) « les retraites chapeaux des hauts dirigeants ». Une promesse déjà faite en 2007. (...)
quand « le président des riches » se métamorphose en candidat du peuple, la mise en scène est soignée. Col roulé, visites dans les usines, repas à la cantine, M. Sarkozy n’hésite pas, comme autrefois (sans succès...) M. Edouard Balladur, à monter sur une table afin d’haranguer la foule. (...)
Le nombre modeste des opportunistes professionnels qui s’affichent aux côtés du président sortant indique, au moins autant que les sondages, que les deux mois qui viennent ne seront pas de trop à M. Sarkozy pour convaincre l’opinion qu’une fois de plus il a « changé ». Et que le changement de président impose donc de voter pour lui. L’exercice n’est pas gagné d’avance.
(...) Ebuzzing