
La proposition de loi portée par Catherine Coutelle concernant l’extension du délit d’entrave à l’IVG aux plateformes numériques a été adoptée ce jeudi par l’Assemblée Nationale en première lecture.
L’entrave numérique est une entrave comme une autre
La proposition de loi demandait l’ajout d’un article unique dans le code de la santé publique, pour étendre l’article L. 2223-2 du code et le compléter de l’alinéa suivant :
« – soit en diffusant ou en transmettant par tout moyen, notamment par des moyens de communication au public par voie électronique ou de communication au public en ligne, des allégations, indications ou présentations faussées et de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif, sur la nature, les caractéristiques ou les conséquences médicales d’une interruption volontaire de grossesse ou à exercer des pressions psychologiques sur les femmes s’informant sur une interruption volontaire de grossesse ou sur l’entourage de ces dernières. »
L’article initial explicite les peines encourues par les personnes qui souhaiteraient participer à cette désinformation des jeunes femmes souhaitant mettre fin à un grossesse. « [Le délit d’entrave à l’IVG] Est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30000 euros d’amende le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur une interruption de grossesse. » (...)
Si aujourd’hui le texte est revu c’est à la suite du développement de nouvelles actions d’entraves qui n’étaient pas encore prévu dans le code de la santé, principalement sur Internet. Il y a quelques mois, Marisol Tourraine, ministre de la santé, se plaignait déjà de voir des sites anti-IVG se faire passer pour des organes d’informations légitimes alors qu’ils étaient tenus par des associations combattant l’avortement. (...)
Entre les remises en doute des faits médicaux et des effets secondaires des interventions et accusations de meurtre, les ivg.net et ses ramifications sont loin d’apporter une information de santé dans l’intérêt des femmes. Il s’agit, encore une fois, d’un militantisme qui se fait passer pour de l’information.
L’efficacité numérique de la galaxie anti-IVG
Et il apparaît clairement que IVG.net est particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de s’inviter dans les résultats des moteurs de recherche. Une force de frappe qui selon François Avril, expert SEO du groupe Humanoid, est dû à un investissement réel dans son optimisation pour être incontournable sur le web. (...)
De plus, le site IVG.net a manifestement travaillé sa crédibilité pour les moteurs en parvenant à obtenir un niveau de backlinks bien supérieur à celui du gouvernement. Cette technique qui tend à montrer que le site est une source crédible repose sur la quantité de pages qui disposent d’un lien vers le site. Or face au site du gouvernement, IVG.net semble avoir de nombreux liens avec des multiples pages à travers le web, favorisant sa crédibilité pour Google — et notamment parce que son nom, qui sonne officiel, a pu être cité par erreur par des sites de référence. (...)
Enfin, malgré ses techniques d’optimisation, IVG.net ne parvient pas à réunir la même audience que le site gouvernemental. Selon nos observations sur SimilarWeb, le site anti-IVG reçoit moins de 30 000 visites par mois, contre 58 000 sur les pages du ministère. La force de frappe du site est donc à relativiser.