
Attentats, Covid-19, guerre en Europe, crise climatique… la vague de souffrance psychologique est plus forte que jamais chez les 18-24 ans. Si des mesures nationales ont été prises, elles sont insuffisantes, constate un rapport de l’association Nightline.
En trois ans, l’activité de soin a changé « du tout au tout » au sein du service de santé de l’université de Picardie-Jules-Verne. La vague de détresse psychologique touchant les étudiants, arrivée dans le sillage de la crise due au Covid-19, n’est jamais vraiment retombée. Et avec elle « l’installation de cas d’une gravité qu’on ne connaissait pas auparavant », s’inquiète la directrice, Delphine Guérin, médecin, qui cite « des dépressions très sévères, des syndromes d’anxiété généralisée et des entrées plus fréquentes dans des psychoses » chez les jeunes qu’elle reçoit désormais. Mais aussi des risques suicidaires plus élevés, avec de « nombreuses réorientations vers les urgences » durant l’année. (...)
« Tout a basculé. Nous gérons des jeunes polytraumatisés, qui se construisent dans une période où se sont enchaînés les attentats, le Covid, la guerre en Europe, et qui font face à la crise climatique », énumère-t-elle. La prise en charge de ces profils demande davantage de temps pour les services de santé universitaires (SSU) qui, partout en France, sont débordés. Beaucoup alertent, en cette fin d’année universitaire, sur leur incapacité à absorber l’ensemble des demandes, qui affluent sans discontinuer. A Jules-Verne, si le service est passé à deux psychologues à temps plein, « le délai d’attente pour un rendez-vous est de deux mois : c’est très long quand on va mal », s’alarme Delphine Guérin.
« Effets retard »
Il y a deux ans, la survenue de la crise sanitaire mettait en lumière les problèmes de santé mentale des jeunes. Aujourd’hui, leur prise en charge fait toujours défaut en ville et dans les universités, constate le rapport publié mardi 14 juin par l’association Nightline, qui a mis en place un service d’écoute destiné à la jeunesse. (...)
L’étude déplore en particulier le manque de personnel dans les établissements pour accompagner psychologiquement les étudiants. On compte aux Etats-Unis un psychologue à temps plein pour 1 300 étudiants, un pour 2 300 au Canada et un pour 2 600 en Irlande. En France, c’est un pour 15 000 étudiants. (...)