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Les plateformes, une forme d’exploitation des travailleurs racisés ?
#plateformes #uber #capitalisme #travail #exploitation
Article mis en ligne le 16 mai 2023
dernière modification le 15 mai 2023

Sophie Bernard a enquêté sur les chauffeurs Uber dans trois métropoles et met en évidence la dégradation de leurs conditions de travail et de rémunération.

Le capitalisme de plateformes utilise très largement une main d’œuvre racisée, à laquelle il fait miroiter, dans la phase de lancement des plateformes, des conditions de travail et de rémunération plus avantageuses que celles que ces travailleurs peuvent trouver par ailleurs, mais qui ne le restent pas très longtemps. Il utilise ainsi les discriminations que ceux-ci subissent pour installer un modèle qui repose in fine sur une dégradation des conditions de travail et d’emploi, ce qui serait beaucoup plus difficile sans cela. Et qui finit par pénaliser tous les travailleurs.

C’est ce que met en exergue l’enquête que vient de publier la sociologue du travail Sophie Bernard sur l’entreprise Uber. Enquête, qu’elle a menée aussi bien à Paris qu’à Londres et Montréal, car le phénomène n’est évidemment pas propre à la France, même s’il y trouve des conditions de développement favorables.

Celle-ci a aimablement accepté de répondre ici à des questions pour présenter son livre à nos lecteurs (...)

De nombreux travaux sociologiques appréhendent la situation des travailleurs des plateformes en général, et des chauffeurs Uber en particulier, comme une nouvelle forme d’exploitation s’inscrivant dans la continuité d’un mouvement généralisé de précarisation du monde du travail débuté dans les années 1970. Cependant, du point de vue des travailleurs racisés, la situation n’est pas nouvelle tant l’histoire de l’emploi précaire est intrinsèquement liée à celle du travail immigré. La racialisation, désignant les logiques de production des hiérarchies raciales dans telle ou telle société donnée, est un principe d’organisation du capitalisme de plateforme. Si le « recrutement » des chauffeurs Uber s’inscrit en cela dans la continuité de celui des mineurs ou des OS de l’industrie, la plateforme peut être appréhendée comme une innovation du capitalisme racial. La combinaison du management algorithmique et de formes d’emploi ultra-flexibles participe d’une reconfiguration de l’emploi précaire qui se révèle particulièrement adaptée à l’exploitation des travailleurs racisés.