
"Quand on est SDF, marcher c’est survivre". Mais parce que les sans-abris portent de mauvaises chaussures, font des kilomètres par jour et manquent de soins, leurs pieds sont parfois si malmenés qu’ils peuvent risquer l’amputation, une situation combattue par des associations.
"Les SDF sont un public oublié car ils n’ont pas les moyens d’aller voir un podologue dans un cabinet. Or pour eux, se déplacer est primordial et quand vous avez mal aux pieds, vous êtes handicapé", souligne auprès de l’AFP le directeur de l’Institut national de podologie, Dominique Nuytens.
Son école, qui forme des podologues en trois ans, a noué des partenariats avec des associations comme Emmaüs ou l’Armée du Salut pour soigner gratuitement des sans-abris, en grande majorité des hommes.
Chaque semaine, de septembre à juin, six étudiants, encadrés par un podologue "confirmé", se rendent dans l’un des quinze centres sociaux partenaires pour des ateliers.
En moyenne, selon le directeur, près d’une centaine de SDF sont soignés chaque semaine.(...)
t un rapport au corps qui est compliqué. Beaucoup se sont laissés aller et ne reconnaissent plus leur corps. Finalement, ce corps meurtri par la rue, c’est un peu leur carapace", complète Christophe Louis de l’association Les Enfants du Canal.
Pour lutter contre ce tabou, la Croix-Rouge a lancé une "maraude podologie".(...)
"La question des chaussures chez les sans-abris est tout aussi fondamentale que celle de l’accès aux soins", souligne Denis, pour qui, "voir des sans-abris pieds nus dans la rue, en tong en hiver ou en chaussures fourrées en été, est malheureusement monnaie courante".
Pour Christophe Louis, c’est surtout la question du type de dons qui se pose : "Donner une paire de mocassins à un sans-abri, cela part d’une bonne intention mais ce n’est pas du tout adapté. C’est là-dessus qu’il faut travailler".