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Les peuples d’ailleurs, boussole d’un Occident égaré
- Sagesses d’ailleurs pour vivre aujourd’hui, par Frederika Van Ingen, éditions Les Arènes, 416 p., 23,9 €.
Article mis en ligne le 15 novembre 2016
dernière modification le 8 novembre 2016

Dans son livre « Sagesses d’ailleurs pour vivre aujourd’hui », Frederika Van Ingen a rencontré onze femmes et hommes occidentaux qui, au contact des « peuples racines », ont profondément changé leur rapport au monde et à l’existence. Depuis, ils sont eux-mêmes devenus « passeurs » de ces sagesses auprès de leurs contemporains décentrés.

« Un jour, l’homme blanc demandera à l’homme rouge de l’aider à se souvenir comment revivre en harmonie avec la nature. » Cette prévision appartenant à la légende navajo semble doucement se réaliser, comme l’atteste le parcours d’hommes et de femmes occidentaux dont la proximité avec certains des « peuples racines » a bouleversé la vision du monde et fait d’eux des « passeurs ». Ce sont onze d’entre eux que Frederika Van Ingen a rencontrés afin d’écrire ce livre qui se révèle une véritable remise en question de notre civilisation et de nos modes d’être. Le constat est implacable, mais accompagné d’une grande tendresse pour cet « homme blanc » qui se serait largement décentré, dont l’auteure elle-même, qui se définit comme un parfait exemple, en évoquant son fonctionnement « rationnel, cartésien », voire teinté de scepticisme.

Elle se laisse dérouter, déranger, transformer, en reconnaissant « le paradoxe surprenant de l’écologie aujourd’hui, qui défend le vivant, mais en oubliant de s’intéresser à une part essentielle de ce vivant, celle qui est en soi ! » ainsi que le définit Éric Julien, qui accompagne les Indiens Kogis dans le rachat de leurs terres ancestrales et la sauvegarde de leur mode d’existence. (...)

Une grande attention est accordée à l’intériorité de l’individu, tout en le considérant comme faisant partie d’un Tout. La prise en compte de l’interconnexion de tous les éléments — humains et non-humains — provenant d’une même source, change profondément la vision : « je » n’existe en fait que comme un « nous », ou parce qu’il y a « tu ». (...)

« il ne s’agit pas de se déguiser en Indiens ni de revenir à des modes de vie semblables à ceux de nos lointains ancêtres », mais plutôt, comme le propose Éric Julien, « d’ouvrir quelques pistes pour rêver un troisième monde ». Comment se remettre sur le chemin du lien à la vie, remettre la joie et l’intuition au cœur de notre vécu quotidien, nous souvenir que « la vie est un miracle » ? Une lecture et une écoute profondes de ce qui nous est raconté ici feront sans doute résonner en nous « ce qui est déjà là », sur la route du retour vers l’harmonie en soi, et l’harmonie collective.