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le Monde Diplomatique
Les patrons suisses sauteront sans parachute
Article mis en ligne le 7 mars 2013

Le peuple suisse a accepté à une large majorité, le 3 mars dernier, une « initiative populaire » lancée par M. Thomas Minder qui vise à limiter les rémunérations des dirigeants de grandes entreprises. Si ce vote a une portée symbolique indéniable, il suscite cependant des réserves au sein de la gauche et des syndicats, car il renforce le pouvoir des actionnaires et ne changera rien au sort des salariés.

(...) Les Suisses ont pu exprimer leur ras-le-bol et leur dégoût face aux salaires stratosphériques d’une petite coterie grâce à l’acharnement d’un seul homme, M. Thomas Minder, 52 ans, entrepreneur et sénateur du canton de Schaffhouse. Tout débute en 2001, lors de l’immobilisation au sol des appareils de la compagnie aérienne nationale Swissair. En faillite, Swissair ne peut payer les factures de nombreux fournisseurs, dont Trybol, la société familiale que M. Minder dirige depuis 1999. Une commande spéciale n’est pas honorée. Crèmes, baumes pour les lèvres et eaux de toilette destinés aux passagers voyageant en business class : c’est un demi-million de francs suisses (330 000 euros) qui s’envole. Trybol résiste, mais son patron ne décolère pas contre les responsables. Car M. Mario Corti, le dernier président-directeur général de la compagnie aérienne, a, lui, touché d’avance cinq ans de salaire (plus de 12 millions de francs, soit 9,7 millions d’euros) lors de son entrée en fonctions, sept mois seulement avant la faillite.

Par la suite, les affaires relatives à des rémunérations scandaleuses s’enchaînent. (...)

Partisan de l’initiative, M. Jean-Claude Rennwald, ancien membre de la direction du syndicat UNIA, souligne que la votation ne changera pas grand-chose pour les salariés ni pour les classes moyennes et populaires. Mais il y voit un premier pas bienvenu, et espère que ce résultat aura un effet positif sur d’autres scrutins à venir.

Car deux autres initiatives, qui ont abouti et seront donc soumises au vote prochainement, entendent cette fois répondre aux difficultés des salariés, tout en agissant contre l’accroissement des inégalités
(...)

 Les Jeunesses socialistes ont d’abord déposé un texte prévoyant que, dans une même entreprise, un employé ne puisse gagner en un mois plus qu’un autre en une année. C’est l’initiative « 1:12 — Pour des salaires équitables ».

 L’autre initiative, qui promet une bataille homérique, concerne l’instauration d’un salaire minimum national de 4 000 francs (3 245 euros) (3) — pour un plein temps. (...)