
Réunis à Bonn du 31 août au 4 septembre, les 196 Etats-membres n’ont pas réussi à avancer sur le projet d’accord de Paris. Un nouveau texte, plus court et plus lisible, devrait être dévoilé en octobre. Le chemin à parcourir est encore long avant la COP 21.
(...) Son objectif est de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici la fin du siècle.
L’agenda de la rencontre était pourtant chargé. Les négociateurs devaient tout d’abord s’approprier le texte de 83 pages rédigé et remis le 24 juillet par les co-présidents Ahmed Djoghlaf et Daniel Reifsyder, chefs d’orchestre des négociations. Ce document, non officiel, reprenait le travail effectué par les délégations pendant la session de négociations de juin à Bonn - également peu productive. (...)
Les questions de fond n’ont pas été abordées
Les négociateurs devaient aborder des questions de fond :
– l’adoption d’un mécanisme de révision de l’accord tous les cinq ans ;
– l’abondement d’un fonds de 100 milliards par an d’ici 2020, promis aux pays en développement à Copenhague en 2009 ;
– et la mise en place d’un mécanisme de “Pertes et dommages” pour les pays en développement confrontés à des catastrophes climatiques.
Ils devaient aussi faire des choix, permettant d’aboutir à un texte de négociations plus court, plus lisible, plus exploitable, en somme, pour la dernière ligne droite des négociations.
Le bilan n’est pas brillant. (...)
“Je ne peux pas vous dire quels progrès ont été faits en cinq jours, avoue Pierre Radanne, expert des questions climatiques. Toutes les discussions de fond ont été repoussées à plus tard.”
De timides avancées sur la finance et les Pertes et dommages
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Alix Mazounie, chargée des politiques internationales au Réseau Action Climat (RAC), est plus nuancée : “Certains groupes de travail ont réussi à avancer. Le G77 [la coalition qui rassemble tous les pays en développement, NDLR] a mis trois propositions concrètes sur la table, qui pourront être discutées lors de la réunion des ministres des Finances des 5 et 6 septembre à Paris.”
De la même façon, l’idée d’un mécanisme de Pertes et dommages intégré à l’accord et distinct des aides à l’adaptation commence à faire son chemin, “même si on est encore loin d’un accord”, précise Alix Mazounie. La pression des pays les plus vulnérables au changement climatique n’y est pas pour rien suite à la tempête tropicale Erika, responsable du décès de 31 personnes et de nombreuses disparitions sur l’île de la Dominique le 27 août dernier.
Les limites de la méthode onusienne
Comment expliquer que les négociations avancent si lentement ? “Les co-présidents sont très respectueux des processus collectifs, analyse Pierre Radanne. Ils savent que la machine peut se gripper s’ils essaient d’aller trop vite.” En conséquence, plutôt que de demander aux délégations de s’atteler directement au texte, ils leur ont proposé de se mettre d’accord, oralement, sur des concepts. “La limite de cette approche, c’est que le travail avance très lentement”, observe Céline Ramstein, de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
Heureusement, tout n’est pas (encore) perdu. Lors de la plénière de clôture, les négociateurs ont accepté que les co-présidents préparent un nouveau texte, plus lisible et plus court, pour début octobre. (...)
le temps presse. “Il faut maintenant s’élever au-dessus du détail, assembler les pièces du puzzle”, a plaidé Laurence Tubiana, représentante spéciale de la France pour la conférence Paris Climat 2015, lors de la plénière de clôture. “Ce retard n’est pas forcément grave mais le temps perdu ne se rattrape pas, insiste Pierre Radanne. Nous avons dépensé la moitié du temps qu’il nous reste depuis juin, et nous n’avons pas fait un dixième du chemin.”
“Il faut que les petits sujets soient dégrossis lors de la prochaine session de négociations à Bonn, estime Alix Mazounie. Histoire qu’il ne reste plus que les gros morceaux, comme l’adoption d’un mécanisme de de révision de l’accord, à négocier à Paris.” Mais pour Céline Ramstein, “tout est encore possible. Le fait que les co-présidents aient obtenu ce mandat pour l’écriture d’un nouveau texte est une bonne chose. Tant qu’on n’a pas l’accord de Paris sous les yeux, on ne peut pas savoir ce qu’il nous réservera.” (...)