
« J’ai vu l’humiliation des Palestiniens aux points de passage et aux barrages routiers, souffrant comme nous quand de jeunes policiers blancs nous empêchaient de circuler. Cela ressemble beaucoup à ce qui est arrivé aux Noirs de l’Afrique du Sud. » Evêque Desmond Tutu
Une information ignorée par les médias lourds en France est le rapport de mission du député socialiste Jean Glavany décrivant la situation de la répartition de l’eau en Palestine comme étant un apartheid exercé par la puissance occupante. Le rapport provoque un tollé en Israël. Il décrit la question de l’eau comme ´´révélatrice d’un nouvel apartheid au Moyen-Orient´´.
Sur la méthodologie, le député dit s’être rendu ´´une petite semaine´´ avec d’autres élus français dans la région - Liban, Jordanie, Israël, territoires palestiniens - et avoir rencontré ´´les ministres israélien et palestinien de l’eau, des diplomates et des ONG´´. (...)
« Pour Mark Zeitoun, spécialiste des questions de gouvernance environnementale, ´´si l’on définit apartheid’ comme une discrimination réalisée sur la base de la race, alors on peut parler d’apartheid de l’eau´´. ´´Il faut savoir, par exemple, que les 450.000 colons israéliens en Cisjordanie utilisent plus d’eau que 2,3 millions de Palestiniens´´, écrit le rapport de M.Glavany. (...)
Face à l’absence de ressources, les Palestiniens doivent acheter de l’eau municipale qui ´´est bon marché mais limitée´´, explique l’expert sur les questions d’eau. Les habitants se tournent vers l’approvisionnement privé ».
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Pour l’eau non municipale, ´´il n’existe pas de contrôle : [l’eau] peut être contaminée, avec les conséquences que l’on connaît : douleurs abdominales, diarrhées´´. De son côté, Stéphanie Oudot décrit cette image : ´´Des piscines et des jardins arrosés du côté des colons, tandis qu’à côté, les Palestiniens se rendent au puits avec un seau´´. (...)
´´A Ghaza c’est encore pire ; la qualité de l’eau y est épouvantable´´, témoigne Gidon Bromberg.(...) Dans une région surpeuplée, où les habitants pompent de l’eau rare, c’est donc de l’eau salée qui sort de terre. ´´Les Ghazaouis ne peuvent plus boire de l’eau du robinet,´´ témoigne Stéphanie Oudot, qui alerte sur une ´´situation humanitaire d’urgence´´. Selon la Banque mondiale, à Gaza ´´seule 5% à 10% de l’aquifère correspond aux standards de qualité´´.(1)
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Dans son rapport, M.Glavany, souligne que ´´la priorité est donnée aux colons en cas de sécheresse, en infraction au droit international´´, que ´´les puits’ forés spontanément par les Palestiniens en Cisjordanie sont systématiquement détruits par l’armée israélienne´´ et qu’´´à Ghaza, les réserves d’eau ont été prises pour cible en 2008-2009 par les bombardements´´. (...)
Dès le départ, le sionisme a fait de l’accaparement de l’eau l’objectif principal des guerres avec les Arabes et on s’aperçoit que toutes les guerres se sont soldées par un fait accompli qui aboutit à la situation actuelle. (...)
La question de l’eau a pris un caractère géopolitique évident dans les relations entre Israël et les Palestiniens de Cisjordanie et de Ghaza, où les tensions prennent leur origine dans une disparité flagrante de consommation entre ces deux communautés qui partagent les mêmes sources d’approvisionnement en eau. (...) On peut se demander alors quelle place occupe l’eau, dans la culture et dans la religion de l’Etat d’Israël. Comment l’Etat hébreu pourrait-il accepter de partager de manière plus équitable cette ressource si rare et risquer de se mettre en péril ? (...) Dans ce contexte alarmant, Israël exploite la majeure partie des ressources en eau laissant les Palestiniens se contenter de la portion congrue. » (3)
L’étude décrit ensuite les étapes clés de ce hold-up. (...)
Aujourd’hui, les 2/3 des besoins d’Israël sont assurés par les ressources provenant de l’extérieur des frontières de 1948 : 75% de l’eau des Territoires occupés est consommé par Israël et ses colonies. Le rapport de population entre Israël et les Territoires est de 2 à 1 et celui de la consommation d’eau de 11 à 1 ! » Tout est dit. (...)
Actuellement, tant en Israël que dans les Territoires palestiniens occupés (TPO), il existe deux systèmes de routes, deux systèmes de logements, deux systèmes d’enseignement, et des systèmes judiciaires et administratifs différents selon que l’on est juif ou non juif. (..) A ces lois, correspondent des lois israéliennes, « la loi du Retour », les lois « temporaires » de 2003 sur l’Interdiction des mariages mixtes, les lois sur l’Enregistrement de la population, sur la Citoyenneté et l’Entrée en Israël, sur la Nationalité israélienne, et les lois sur la Terre et la Propriété. Comme en Afrique du Sud. Le type d’apartheid d’Israël se mêle à un colonialisme de peuplement »..(6) (...)
Il semble que la vérité commence doucement à émerger pour rendre justice au peuple palestinien harassé par un siècle d’injustice et qui aspire à vivre en paix, dans la dignité sur moins de 20% de la Palestine originelle. A quand un « Printemps palestinien » ? (...)