Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
Les multinationales veulent-elles se débarrasser de leurs actionnaires trop curieux ?
Article mis en ligne le 20 décembre 2012
dernière modification le 17 décembre 2012

Un géant du pétrole qui porte plainte contre un fonds d’investissement « éthique ». L’affaire est peu banale et se déroule aux États-Unis. Le pétrolier Chevron y attaque en justice le fonds d’investissement Trillium, accusé de collusion avec des organisations non gouvernementales. Celui-ci dénonce l’opacité des comptes. En France, Total avait empêché des actionnaires proches de Greenpeace de déposer une résolution en assemblée générale.

(...) Et si les actionnaires des entreprises du CAC 40 se rebellaient ? S’ils déposaient des résolutions en Assemblée générale, pour demander que les firmes deviennent vraiment responsables, arrêtent de maltraiter leurs salariés et l’environnement, ou redistribuent davantage de plus-value aux travailleurs ? Scenario utopique ? Peut-être. Mais aux États-Unis, certains actionnaires commencent à faire entendre leur voix. Au point d’énerver les grands groupes, qui n’aiment pas qu’on vienne contrecarrer leurs plans et mettre la pagaille dans leurs consensuelles assemblées d’actionnaires. (...)

Les entreprises se contentent habituellement d’ignorer les questions et motions dérangeantes soumises par des actionnaires plus « éthiques ». C’est la première fois qu’une firme va jusqu’à accuser et poursuivre ainsi un actionnaire en justice. Le bras de fer risque de durer longtemps. Chevron est une des entreprises des plus opaques au monde (lire notre article). Près de deux tiers de ses filiales sont basées dans des paradis fiscaux, notamment aux Bermudes et aux Bahamas. Elle a été accusée au Brésil de « crime contre l’environnement ». Un modèle de responsabilité sociale que même les actionnaires commencent à contester, malgré les menaces et intimidations. La démarche de Trillium vise à mettre en lumière ces pratiques : elle recrée un lien entre évaluation financière et impacts réels des entreprises, avec le risque cependant de pousser au bout la logique de financiarisation...

En France, ONG, investisseurs et actionnaires semblent bien loin de ces pratiques : le pétrolier Total a réussi en 2011 à empêcher Greenpeace et des actionnaires de déposer une résolution en Assemblée générale. Quant aux démarches d’« investissement socialement responsable » (ISR), elles se contentent pour l’instant de labelliser des fonds – 109 fin 2012 (voir la liste sur Novethic) – qui placent leurs capitaux selon des critères plus ou moins vertueux, excluant en théorie les secteurs les plus problématiques (lire notre enquête). (...)