
Les mois d’août se suivent mais ne se ressemblent pas pour Barack Obama, comme le montre la décision d’autoriser des frappes américaines contre les djihadistes en Irak depuis 48 heures.
(...) Cherchez l’erreur. Pourquoi l’indécision et finalement la débandade diplomatique de la fin d’été 2013 se transforment-elles en proclamation martiale du « Commander-in-chief » un an plus tard ?
Il ne s’agit pas ici de savoir si c’est « bien » ou « mal » : il suffit de voir la barbarie du comportement des combattants de l’EI, tant par les témoignages de rescapés que par les photos d’exécutions impossibles à montrer qu’ils affichent sur les réseaux sociaux, pour comprendre que les populations concernées accepteraient l’aide de tous ceux qui la proposeraient, fut-elle du Diable...
La question est plus de comprendre ce qui motive Obama, lorsqu’il intervient comme lorsqu’il n’intervient pas. (...)
En mai, Barack Obama a défini sa « doctrine » d’intervention lors d’un discours important devant les cadets de West Point, l’académie militaire américaine. Celle-ci se résume à un éloge de la retenue, par opposition à l’interventionnisme forcené des Etats-Unis dans leur période d’hyperpuissance, conduisant aux embourbements d’Irak et d’Afghanistan dont Obama tente encore de les extirper, non sans mal, on le voit.
Intérêts vitaux des Etats-Unis
Une retenue qui, selon le président américain, n’est pas incompatible avec un leadership préservé, mais transformé, plus soucieux de bâtir des coalitions, des alliances, dans un monde devenu multipolaire et redevenu dangereux.
Le critère de l’intervention ou de la retenue, selon lui, dépend donc de savoir si les intérêts des Etats-Unis ne sont pas directement en jeu. Ainsi, en 2013, Washington a conclu que les intérêts vitaux des Etats-Unis n’étaient pas en jeu dans le conflit syrien, quel que soit le degré d’horreur et de régression que constitue l’emploi de l’arme chimique.
Mais en 2014, ces intérêts seraient plus grands dans l’offensive djihadiste ? La réponse américaine tient au désastre humanitaire, au sort des minorités, et à la volonté de protéger le Kurdistan, apparu ces derniers temps comme le dernier bastion de stabilité relative de la région, résolument tourné vers l’Occident et en particulier les Etats-Unis. (...)
si l’on s’en tient au parallèle entre la non-intervention en Syrie et les frappes des derniers jours en Irak, on voit bien les limites de la cohérence stratégique de la première puissance mondiale. Car la menace aujourd’hui identifiée comme mettant en jeu les intérêts américains, a grandi et a prospéré sur l’inaction... en Syrie. (...)