
L’affaire Benalla n’aurait pas pu être mise au jour sans la présence de journalistes et de vidéastes qui filment, embarqués au milieu des manifestations. Un travail essentiel de documentation des éventuels débordements et des violences policières. Et, ici, d’une affaire d’Etat.
Au commencement de l’affaire était l’image : celle d’un – supposé – policier en civil qui tabasse un manifestant, place de la Contrescarpe, à Paris, le 1er mai 2018. Deux mois plus tard, cette banale affaire de violence policière, comme il en existe trop, s’est transformée en affaire d’Etat quand Le Monde a identifié, derrière le casque des forces de l’ordre, Alexandre Benalla, collaborateur d’Emmanuel Macron, chargé de sa sécurité. Un homme qui n’est en rien gardien de la paix.
Accompagnant les révélations des derniers jours, les différentes vidéos postées sur les réseaux sociaux ou par certains médias ont été tournées, pour la plupart, par des vidéastes et des journalistes un peu kamikazes, qui filment au sein des cortèges afin de documenter de possibles débordements, côté policier notamment. Une présence essentielle. (...)
Des conséquences positives ?
C’est aussi là que se joue l’affaire Benalla, selon Glanz. L’ensemble des vidéos que ces JRI (journalistes reporters d’images) ont pu produire ne semblent révéler qu’une petite partie de son implication ce jour-là, ainsi que celles de Vincent Crase, compère de Benalla, ou Philippe Mizerski, membre de l’état-major de la préfecture de police, tous deux aussi mis en cause : « A travers toutes ces images, c’est la question du rôle de ces hommes qui ne sont pas policiers ni dans la chaîne de commandement qui est posée. » Glanz parle notamment d’Alexandre Benalla donnant des directives aux forces de l’ordre par talkies-walkies, où se trouvant à des endroits clés de la manifestation, notamment au moment de l’interpellation de plusieurs manifestants.
Autre révélation rendue possible grâce à ces vidéos, l’usurpation de fonction – celle d’officier de police – dont est accusé le collaborateur d’Emmanuel Macron (...)
Cette affaire fait vaciller le sommet de l’Etat et ébranle tout le pays. S’il est encore trop tôt pour en mesurer les conséquences, Gaspard Glanz ose cependant croire qu’elle « aura des retombées positives » : « La police va sûrement faire le grand ménage en interne. Cette affaire prouve qu’il est très difficile de savoir, lors d’une manifestation, qui est policier et qui ne l’est pas. Les autorités vont désormais sûrement veiller à ce que les policiers portent leur matricule, comme l’exige la loi. Tout cela arrive en même temps que les commémorations des deux ans de la mort d’Adama Traoré. Cela débanalise à nouveau les violences policières. Les forces de l’ordre se devront d’être irréprochables dans les prochaines manifs. » Même loin des caméras.