
Des manifestations ont eu lieu, mardi, pour dénoncer le « mépris » du gouvernement pour la profession.
Se sentant « méprisés » et « oubliés » par le gouvernement, les infirmières et les infirmiers se rebiffent. Qu’ils exercent en libéral ou qu’ils soient salariés, les 660 000 membres de cette profession ont été invités par seize de leurs organisations syndicales à se rassembler, mardi 20 novembre, devant les préfectures de région ou devant le ministère de la santé, à Paris, afin de médiatiser leur « malaise » et faire entendre leurs revendications. Une journée de mobilisation que les représentants des blouses blanches, réunis pour une conférence de presse lundi derrière le slogan « Infirmières oubliées », ont tenu à dissocier du mouvement des « gilets jaunes ». (...)
Premier motif de colère : le silence du président Emmanuel Macron sur la place et le rôle de cette profession dans la réforme du système de santé, lors de la présentation du plan « Ma santé 2022 », le 18 septembre à l’Elysée. (...)
Dans le viseur des infirmiers, l’annonce de la création de 4 000 postes d’assistants médicaux, formés en un an, pour venir seconder les médecins libéraux en les déchargeant de tâches médicales simples, comme la prise de tension, et ainsi leur libérer du temps médical. Coût annuel de la mesure, dans un premier temps, pour la Sécurité sociale : près de 200 millions d’euros. (...)
« Nous sommes choqués par ce détournement de fonds venant des cotisations d’assurance-maladie pour des gens qui n’ont pas de soucis financiers », assure Thierry Amouroux, le président du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC). « Il aurait été plus cohérent de consacrer cet argent à créer des postes en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), lieu où les conditions de travail sont exécrables », font valoir les seize organisations dans un document commun.
La mesure irrite d’autant plus les représentants syndicaux qu’ils ont été confrontés, dans le même temps, à un refus de voir officiellement reconnaître certaines compétences chez les infirmiers. (...)
La possibilité pour les pharmaciens de vacciner en officine contre la grippe, expérimentée en 2018 dans quatre régions et généralisée en 2019 sur tout le territoire, est également vécue comme une forme d’injustice par les infirmiers (...)
Quant à la création d’infirmiers en pratique avancée (IPA), qui pourront effectuer des actes dévolus jusqu’ici aux seuls médecins, elle est vécue comme bien « insuffisante » par les représentants syndicaux. (...)
La dégradation des conditions de travail, notamment à l’hôpital, qui avait constitué le principal motif de protestation lors de la précédente journée de mobilisation infirmière en novembre 2016, figure toujours en bonne place parmi les revendications deux ans plus tard. « On a des situations d’épuisement professionnel qui se multiplient, on ne nous donne pas les moyens d’exercer correctement » (...)