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« Les industriels mettent leurs ouvriers en danger délibérément »
Article mis en ligne le 4 septembre 2012

Annie Thébaud-Mony a refusé la Légion d’honneur que Cécile Duflot, ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, souhaitait lui accorder. Cette directrice de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) alerte depuis trente ans sur l’épidémie de cancers parmi les ouvriers. En vain.

Dans une lettre adressée à la ministre, la chercheuse a expliqué que son refus a pour but de dénoncer « l’indifférence » qui touche, selon elle, la santé au travail et l’« impunité » des « crimes industriels ». Elle en dit plus à Terra Eco. (...)

Le tableau 57 des maladies professionnelles du régime général de la Sécurité sociale liste la plupart des troubles musculosquelettiques (TMS). En 2009, une révision du tableau a raidi les critères de reconnaissance des TMS, et donc d’indemnisation des salariés. Vont-ils devoir travailler jusqu’à être handicapés ? Concernant l’exposition des salariés aux cancérogènes, aucune mesure contraignante n’a été prise malgré les alertes. (...)

Dans les filières de la chimie, de la pétrochimie, de l’automobile, de la métallurgie ou du nucléaire, les conditions de travail sont souvent très mauvaises. Pas tant dans la phase de production, car les mesures de confinement sont plutôt efficaces et beaucoup de procédés sont automatisés, que dans la phase de maintenance, donc de nettoyage et de gestion des déchets. Dans ces phases, les salariés sont directement exposés aux produits cancérogènes. (...)

Dans l’industrie nucléaire, 90% du travail de maintenance est fait par des entreprises sous-traitantes dont les employés supportent 80% à 90% de l’exposition aux rayonnements ionisants, dans des conditions de travail catastrophiques. On exige d’eux une grande flexibilité, une mobilité géographique forcée. Leurs conditions d’intervention s’aggravent, leur travail s’intensifie. Pour respecter des délais de plus en plus courts, ils peuvent enchaîner jusqu’au 20 heures de travail dans le bâtiment réacteur d’une centrale. On met donc en péril leur santé mais aussi la sûreté des installations nucléaires.

Quand on évoque le nucléaire, on parle des risques d’accident – présents avec ce mode de fonctionnement –, mais on n’évoque jamais les dizaines de milliers de salariés sacrifiés de cette filière, alors qu’un certain nombre d’entre eux est atteint de cancers entre 45 et 55 ans. (...)