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Les faucheurs de chaises repartent à l’action contre l’évasion fiscale
Article mis en ligne le 9 décembre 2016

L’an passé, les faucheurs de chaises avaient « réquisitionné » plus de deux cents sièges dans des agences bancaires pour dénoncer l’évasion fiscale. L’un d’entre eux, Jon Palais, comparaîtra en justice le 9 janvier après une plainte de BNP Paribas. Alors que Jérôme Cahuzac a été condamné à trois ans de prison ferme pour fraude fiscale, les militants organisent ce weekend une cinquantaine d’actions partout en France.

Bordeaux (Gironde), correspondance

Les faucheurs de chaises sont de retour dans les banques. Et ils n’ont pas perdu leur imagination. À Paris, début novembre, ils ont repris Stromae avec « Argent où t’es ? ». La semaine dernière, ils ont organisé une distribution de soupe bio. À Lyon, ils ont fait un cours sur l’évasion fiscale « à l’école des faucheurs de chaises ». À Biarritz, un dernier et inédit numéro de l’émission Apostrophes. À Bordeaux, le tribunal populaire de l’évasion fiscale. À Toulouse, un « Question pour un champion de l’évasion fiscale ». Et même à Saint-Nazaire un Fraudathon, le « téléthon des fraudeurs fiscaux ».

Mais, cette année, les règles sont légèrement différentes. Les activistes d’ANV COP21, Bizi !, Attac, les Amis de la Terre, et du syndicat Solidaires Finances publiques, ne « fauchent » plus de chaises comme ils l’ont fait durant toute l’année 2015, de Bayonne à Paris. Ces chaises symbolisaient les milliards d’euros soustraits au contrôle public, et ne devaient être rendues qu’après rapatriement de ces sommes. Mais « c’est un vrai enfer à gérer une fois qu’on les a sur les bras », glisse un militant.

Toujours de manière non-violente et à visage découvert, ils apportent cette fois leur propre siège pour « faire le siège » des banques. En occupant le plus longtemps possible le hall des agences, jusqu’à ce que la police arrive ou que les employés ferment boutique. Entretemps, leur cible s’est précisée : la BNP Paribas. Pourquoi elle ? Ce pourrait être parce qu’elle est la banque française qui possède le plus de filiales dans les paradis fiscaux (plus de 200, selon eux). Mais, en l’occurrence, c’est surtout à cause de la plainte qu’elle a déposée à l’encontre de Jon Palais, militant pour le climat et faucheur de chaises de la première heure. Ce dernier comparaîtra le 9 janvier prochain au tribunal de Dax pour « vol en réunion ». (...)

« Quand on explique que la banque porte plainte pour 14 chaises, alors qu’ils ont des filiales dans les paradis fiscaux, les gens sont consternés », rapporte le militant, qui risque 5 ans d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende. « À travers cette absurdité, c’est l’absurdité du système d’évasion fiscale qui est mise en lumière. »

Ce week-end, à un mois de la comparution du militant, les faucheurs et faucheuses devraient redoubler d’efforts et d’inventivité dans les BNP de France afin de mobiliser les citoyens. (...)

À Dax, les militants chercheront donc à renverser l’accusation, à l’intérieur comme en dehors du tribunal, comme l’explique leur « Appel du 9 janvier ».

À l’intérieur, Jon Palais sera défendu par les avocates Eva et Caroline (sa fille) Joly, qui connaissent très bien le dossier de l’évasion fiscale. « Il faut que cela devienne le procès de l’évasion fiscale, qu’on parle du fond et pas des chaises », espère-t-il. Il entend également contester la classification de son geste en tant que « vol » : « C’étaient des réquisitions, les chaises devaient être rendues quand les banques auraient rendu l’argent de l’évasion fiscale, et nous ne nous les sommes pas appropriées puisque nous les avons remises à la justice lors de l’ouverture du procès de Jérôme Cahuzac. » [1]

À l’extérieur, les militants organiseront un symbolique « procès de l’évasion fiscale », avec des tables rondes, des prises de parole, des concerts et des animations. Jon Palais insiste sur les vertus pédagogiques d’un tel rassemblement (...)

Les faucheurs insistent sur une chose : « L’argent pour le climat, la transition écologique et la justice sociale existe. Il est dans les paradis fiscaux. » (...)