
Lanceuse d’alerte de l’affaire du Mediator, Irène Frachon prend position pour la vaccination dans une tribune ce lundi sur notre site. Le bénéfice est immense, clame-t-elle après avoir épluché les études. La médecin décortique aussi les fake news.
Elle ne s’est jamais exprimée sur l’épidémie. Aujourd’hui, Irène Frachon, la célèbre pneumologue qui a révélé le scandale du Mediator, un coupe-faim, présenté comme un antidiabétique, faisant près de 2000 morts, a décidé de prendre la parole. Notamment parce que sur les réseaux sociaux, son nom est récupéré par les antivaccins.
Pourquoi avez-vous gardé le silence durant cette épidémie, alors que vous êtes pneumologue et lanceuse d’alerte ?
IRÈNE FRACHON. Parce que je pense qu’il fallait laisser la parole aux spécialistes. Et que ma prise de position publique n’a jamais concerné d’autres affaires que celle du Mediator. Je ne suis pas virologue, ni ministre de la Santé. Je ne suis qu’une simple pneumologue qui a enquêté sur un scandale bien précis. Enfin, je me suis bien gardée de prendre part à cette foire d’empoigne. Il y a eu énormément de confusion, d’avis contradictoires. La parole a été donnée à certains qui criaient plus fort que d’autres et pas forcément à ceux qui présentaient les meilleurs gages de crédibilité et de compétences.
Pourquoi prenez-vous la parole aujourd’hui ?
Je me devais de réagir. D’abord parce qu’on me rapporte en permanence que le Mediator et mon nom sont utilisés comme une caution à la défiance et au complotisme sur les réseaux sociaux. Je lis des messages contre la vaccination disant « Irène Frachon a donné 15 ans de sa vie pour ce combat et ces empoisonneurs sont toujours là ». Je ne veux pas que l’affaire du Mediator soit instrumentalisée pour aggraver le drame de la pandémie, cautionner une défiance qui est cette fois, à mon sens, très mal placée et délétère. Ensuite, en tant que médecin, j’ai suivi de très près les informations sur l’épidémie. (...)
Je suis absolument effrayée des conséquences humaines et sociales. À part durant les grandes périodes de guerre, nous avons vécu ces deux dernières années un péril vital pour notre société. Et comme médecin, à l’impuissance des débuts, j’ai accompagné l’espoir et la joie du développement des vaccins. Ce bénéfice est une nouvelle remarquable dans le cataclysme de cette pandémie. Par ailleurs, on n’a pas de médicament efficace si ce n’est pour traiter l’inflammation, grâce à la cortisone et à l’oxygène. Quand le virus dévaste la totalité du poumon, on ne peut plus rien faire et on assiste, impuissant, aux décès des patients.
Que dites-vous aux récalcitrants ?
Que j’ai regardé de près les études de validation et la veille de pharmacovigilance. Et que je suis convaincue de la qualité, du sérieux et de l’efficacité des vaccins agréés en France. Je peux dire que c’est l’inverse du Mediator où dès le début, alors qu’on pouvait s’apercevoir que c’était un poison, on a fermé les yeux. Aujourd’hui, beaucoup de gens me font confiance et je leur dis : vous avez une solution, faites-vous vacciner ! Même s’il n’y a que quelques effets secondaires comme un syndrome grippal. Les complications plus sérieuses sont exceptionnelles et les bénéfices du vaccin sont infiniment supérieurs aux risques du Covid, il n’y a pas photo. Et je dis aux plus jeunes, vaccinez-vous pour retrouver une vie sociale, sortir de cette hibernation, qu’on puisse revivre ! On ne sortira de cette crise que si toute la population se fait vacciner rapidement. (...)
Il n’est pas question de dire que les gens qui ne sont pas vaccinés sont des idiots. Le scandale du Mediator a été un tournant dans la rupture de confiance. Les autorités de santé, à l’époque, ont failli et un labo s’est permis une tromperie criminelle hors norme et garde pignon sur rue. Ces affaires ont rendu les gens méfiants. Je peux le comprendre. Beaucoup trouvent des informations sur Internet, allant à l’encontre des discours officiels. Mais elles sont complètement erronées sur le Covid. Cela me rend malheureuse.
(...)
On risque d’avoir une quatrième vague meurtrière, d’autres drames humains. En plus de la mortalité insupportable liée au Covid, un pourcentage de malades va mal s’en remettre. Il faut aussi à tout prix éviter les conséquences dramatiques d’un nouveau confinement. Si on ne se vaccine pas suffisamment, on risque une agonie sociale.